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Histoire d'une transmission, So schnell à l'opéra

Histoire d'une transmission, So schnell à l'opéra

Histoire d'une transmission : So Schnell à l'Opéra

A  la demande de Brigitte Lefèvre qui souhaitait inscrire So Schnell,  l'une des dernières chorégraphies de Dominique Bagouet, au répertoire de  l'opéra Garnier, l'équipe des Carnets Bagouet se met au travail avec  les danseurs de l'Opéra. Marie-Hélène Rebois filme deux logiques qui  s'affrontent dans cette histoire de transmission guidée par les  interprètes d'origine.
 

Comment communiquer l'expérience nécessaire pour  faire advenir chaque geste dans la justesse de son rapport à soi, aux  autres, à l'espace et aux sons ? Comment transmettre sans se sentir  dépossédé et sans craindre que l'essentiel ne soit perdu ? Les paroles  d'Olivia Grandville qui fut danseuse à l'Opéra avant de rejoindre la  compagnie Bagouet, de Matthieu Doze, d'Annabelle Pulcini ou d'Hélène  Cathala témoignent de cette difficulté majeure. Habitués à intégrer  techniques et chorégraphies en un temps record, les danseurs de l'Opéra  savent copier rapidement ce qu'on leur enseigne. Faire coïncider ce qui  est à la fois un défaut et une qualité avec l'exigence d'interprétation  qui est au coeur de la danse contemporaine est un défi auquel les  Carnets Bagouet ont répondu ici avec une grande générosité. 


Fabienne Arvers

So Schnell

Impressionnante, jamais monumentale, jetant à grands coups de pinceaux des couleurs vives à travers l'espace, n'hésitant pas à livrer au plateau nu et silencieux une danseuse seule, voilà, telle qu'elle nous apparaît, l'écriture de So Schnell. Plus fragile, et d'une certaine façon plus à plat – comme les décors de Christine Le Moigne, inspirés de Roy Lichtenstein – que la deuxième version, ce premier So Schnell en porte pourtant déjà toute l'ambition : créer une danse immense où chaque interprète aurait cependant sa place ; permettre que « l'espace soit envahi de forces qui laissent quelques traces » (Dominique Bagouet), tout en ciselant cette grande construction de détails profonds, dignes d'un grand orfèvre.


Source : Isabelle Ginot

Bagouet, Dominique

Angoulême, 9 juillet 1951 - Montpellier, 9 décembre 1992

Elève de Rosella Hightower à Cannes dès 1965, il reçoit un enseignement classique et trouve son premier engagement chez Alfonso Cata au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 1969. L'année suivante, il danse dans la compagnie de Félix Blaska puis entre aux Ballets du XXème siècle de Béjart à Bruxelles. L'expérience dure deux ans et se prolonge dans le groupe Chandra (où travaillait aussi Maguy Marin).

De retour à Paris en 1974, Dominique Bagouet prend des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss. Il danse aussi dans les compagnies de Joseph Russillo, Anne Béranger et Peter Goss. Il part quelques mois aux Etats-Unis où il découvre les techniques issues des écoles américaines, entre autres avec Jennifer Muller et Lar Lubovitch.

En 1976, à son retour en France, il présente sa première chorégraphie : « Chansons de nuit » au Concours de Bagnolet et remporte le premier prix avec mention « recherche ». Il fonde alors sa propre compagnie. Pour la faire vivre, il va enchaîner les créations à un rythme très soutenu qu'il déplore. Jusqu'en 1979, il crée quatorze pièces, parfois dans l'urgence et pas toujours de façon satisfaisante.

Avec « Sous la blafarde », le jeune chorégraphe commence à s'imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d'exister puisqu'il est invité à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Il créera d'ailleurs dans cette ville le Festival International Montpellier Danse qu'il dirigera jusqu'en 1982.

Dominique Bagouet va alors créer certaines des pièces les plus marquantes de la chorégraphie contemporaine française, d' « Insaisies »(1982) jusqu'à « Necesito, pièce pour Grenade » (1991), ultime commande réalisée pour célébrer le 500ème anniversaire de la ville espagnole.

Avec des pièces comme « Déserts d'amour » (1984), « Le Crawl de Lucien » (1985) ou « Assaï » (1986), Dominique Bagouet impose clairement sa personnalité et son style. Il compose le mouvement de très nombreux petits gestes (jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse...) sans aucun maniérisme et d'une redoutable précision.

Autre constante, le chorégraphe a toujours su s'entourer d'artistes au talent reconnu. Il y eut Tristan Murail pour«Déserts d'amour », Pascal Dusapin pour « Assaï », Christian Boltanski pour « Le Saut de l'ange » (1987), ou l'actrice Nelly Borgeaud pour le superbe « Meublé sommairement » (1989), adaptation chorégraphique d'un roman d'Emmanuel Bove.

Avec Charles Picq, il a réalisé deux films : « Tant mieux, tant mieux ! » (1983) et « Dix anges, portraits » (1988) d'après « Le Saut de l'ange ».

S'il y avait un style Bagouet, il résiderait également dans cette curiosité qui a marqué toute une génération.

En 1993, les danseurs de sa compagnie fondent Les Carnets Bagouet afin de préserver et transmettre le patrimoine artistique du chorégraphe. Ils proposent le répertoire à d'autres compagnies et de nombreuses écoles.

Source : Philippe Verrièle - Extrait de « 99 biographies pour comprendre la jeune danse française », Les Saisons de la danse-hors série été 97.

En savoir plus : www.lescarnetsbagouet.org

Rebois, Marie-Hélène

Marie-Hélène Rebois est une réalisatrice française née à Nancy.
Parallèlement à des études littéraires (khâgne, maîtrise de lettres, d'histoire de l'art et de philosophie) et à une formation théâtrale auprès du metteur en scène Jean-Marie Villégier et du Festival international de théâtre de Nancy, sa ville natale, Marie-Hélène Rebois réalise ses premiers courts métrages et devient cinéaste.
Elle développe dans ses films ses thèmes favoris, toujours à l'articulation du social et de la création artistique : il y sera question de sagas familiales, de voyages intérieurs, de religion, d'écriture, de musique, de peinture, d'opéra et de danse.
Elle collabore au travail pédagogique du département réalisation de La Femis de 1992 à 1997.
Elle travaille un an avec le Festival Montpellier Danse pour réaliser un film sur l'histoire du festival (« Montpellier Danse 1980-2000 ») et une soirée spéciale pour Arte (« Montpellier Danse 2000, points de vue d'Afrique »). Ce programme a obtenu une mention spéciale au 11e Grand Prix international vidéo danse.
En 2003, son film « Ribatz, Ribatz ou le Grain du temps » obtient le prix de la sélection française du Festival international de cinéma de Marseille.
Elle a aussi réalisé pour le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris un film sur l'analyse du corps dans le mouvement dansé : « Le Geste créateur » et, pour la SACD, un court métrage sur un numéro de cirque « Rondeau pour un fardeau », numéro de portés, ainsi que des portraits de la pianiste Vanessa Wagner, du chorégraphe Jean-Claude Gallotta et de la marionnettiste italienne Laura Kibel.
Dans « Dialogue avec les fauves », diffusé sur Arte, elle montre jusqu'où l'homme peut aller dans la communication avec les fauves, avec quel langage et quelle gestuelle.
« Noces d'or, la mort du chorégraphe », diffusé sur France 2, est le dernier volet de la trilogie que Marie-Hélène Rebois a imaginée et commencée après la mort du chorégraphe français Dominique Bagouet (les deux premiers volets étant « Histoire d'une transmission », « So Schnell à l'Opéra », 1999, et « Ribatz, Ribatz et le Grain du temps », 2003).
Elle a réalisé depuis pour Arte trois documentaires : « Maguy Marin, la danse cachée », « Montpellier Danse, 1980-2010, Zigzag, pour les 30 ans du Festival Montpellier Danse » et « Merce Cunningham, la danse en héritage », où elle suit l’ultime tournée rendant hommage à celui qui fut l’un des artistes majeurs du XXe siècle. Alternant moments de répétition, images d’archives et entretiens, son film pose la question de la transmission d’un patrimoine proprement immatériel.
En 2016, son dernier film, « Dans les pas de Trisha Brown », a été sélectionné au Festival international de cinéma de Marseille.


Sources : Ardèche Image ; Film-documentaire.fr ; CMCA

Ballet de l'Opéra national de Paris

Le Ballet de l'Opéra de Paris constitue le berceau de la danse  classique. Son origine remonte aux ballets de cour du règne de Louis XIV  et à l'Académie royale de danse, créée en 1661, où furent établis les  principes de base et les codes toujours en vigueur. Ne formant au départ  qu'un seul et même corps (la comédie-ballet), opéra et ballet se sont  peu à peu dissociés et ont pris chacun leur indépendance. L'Opéra a  toujours eu une double vocation de maintien de la tradition classique -  le Ballet de l'Opéra est une compagnie de répertoire - et d'ouverture à  la création contemporaine. Dès le XVIIIe siècle, danseurs et  chorégraphes français allèrent dispenser leur art à travers toute  l'Europe, recevant en retour l'influence de l'étranger (en particulier  d'Italie et de Russie) ; aujourd'hui encore sont invités à l'Opéra les  plus grands chorégraphes et danseurs du moment.


Source : Ivor Guest, Le Ballet de l'Opéra de Paris : Trois siècles d'histoire et de tradition. 2001, Flammarion : Paris. 336p.

Histoire d'une transmission : So Schnell à l'Opéra

Direction artistique / Conception : Marie-Hélène Rebois

Chorégraphie : Dominique Bagouet

Interprétation : Marie-Agnès Gillot, Olivia Grandville, Matthieu Doze

Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : Production : Daphnie production, CGP, La Sept-Arte, opéra national de Paris, Mezzo, Les Carnets Bagouet. Participation : CNC, ministère de la Culture et de la Communication (DMDTS), Procirep

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