Charles Picq, réalisateur en danse
- L’entrée dans le monde de la danse
- Ses collaborations, ses créations
- Constituer une mémoire de la danse
« Sublimant les chorégraphies du bout de son objectif, Charles Picq a durant plus de trente années filmé la danse comme personne. » (Lucas Ottin)
L’entrée dans le monde de la danse
Charles Picq travaille d’abord auprès de l’Espace lyonnais d’art contemporain (E.L.A.C.) puis rencontre le groupe Frigo (collectif basé à Lyon défendant la culture alternative), avec lequel il monte des œuvres vidéos durant plusieurs années. Dans le même temps, dès son ouverture en 1980, le réalisateur est invité à participer à l’aventure de la Maison de la Danse de Lyon, avec pour mission de produire des archives audiovisuelles en filmant les spectacles programmés au théâtre.
« Charles Picq était à la fois extraordinairement présent et excessivement discret. Voilà pourquoi, sans doute, a-t-il su si bien filmer la danse. » (Agnès Izrine, 2012)
« Quand la rumeur impatiente du public devient silence, quand l’obscurité s’installe dans la salle et que la lumière va monter sur le plateau, je déclenche la caméra et tout commence. » (Charles Picq, 2002)
Ses collaborations, ses créations
Le réalisateur va bien au-delà de sa mission de vidéaste en explorant le champ de la création. Par le biais de la Maison de la danse et des différents projets auxquels il a précédemment participé, Charles Picq devient le complice de plusieurs chorégraphes tels Dominique Bagouet, Claude Brumachon, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Andy de Groat, Michel Kelemenis, Abou Lagraa, Susanne Linke ou Mourad Merzouki. Outre le travail de captation de leurs spectacles, il produit aussi avec certains de ces artistes de véritables créations vidéo, où art de la danse et de l’image se mêlent.
« C’est étonnant de voir à quel point on danse derrière une caméra. » (Charles Picq, 2002)
Sa filmographie comprend quelques dizaines de films, parmi lesquels Song, A woman of many faces et Vu d'Ici avec Carolyn Carlson, Tant mieux, tant mieux !, Planète Bagouet, Necesito et So schnell avec Dominique Bagouet, Enchaînement, Im bade wannen, Flut et Wandelung avec Susanne Linke, Le Cabaret Latin avec Karine Saporta, La danse du temps avec Régine Chopinot, La veillée des abysses avec James Thierrée, Nuit Blanche avec Abou Lagraa, les documentaires Grand Ecart, Mama Africa, Lyon le pas de deux d'une ville, Le Défilé, Un Rêve de cirque…
Constituer une mémoire de la danse
À partir des années 90, il devient le directeur du développement vidéo de la Maison de la Danse. Il fonde alors la première vidéothèque de danse en accès libre et gratuit, impulse la création du vidéo-bar et la présentation des saisons du théâtre en vidéo. En 2005, Charles Picq conçoit le DVD Le Tour du Monde en 80 Danses, qui présente sous forme d’extraits commentés des œuvres chorégraphiques majeures du XXème siècle.
« Une vidéothèque est une mine et un trésor. S’il s’y trouve assurément quelques fossiles, combien de pépites lumineuses qui ont souvent, sans que nous le sachions au moment de créer le document, cadencé la marche de l’histoire, celle des courants et des styles, des pensées nouvelles sur le corps en mouvement. » (Charles Picq, 2002)
Les archives créées par Charles Picq représentent une collection impressionnante depuis les années 80, soit des centaines d’heures de vidéos que le réalisateur désire rendre accessible à tous. Il imagine une vidéothèque éditorialisée, gratuite et accessible sur internet, qui respecterait l’œuvre vidéo, l’œuvre chorégraphique et son auteur. Il mène cette réflexion avec la complicité de Laurent Sebillotte, directeur de la médiathèque du Centre national de la danse (CN D) et avec le soutien de la Fondation BNP Paribas.
C’est ainsi que nait en 2011, au sein de la Maison de la Danse, le site Numeridanse.tv, première plate-forme audiovisuelle en ligne entièrement dédiée à la danse. Ce projet devient le projet d’une communauté : artistes, centres chorégraphiques nationaux, compagnies, théâtres, festivals, lieux patrimoniaux et producteurs déposent leurs archives numériques sur le site.
Charles Picq décède le 28 novembre 2012. Il aura œuvré durant toute sa carrière au développement et à la transmission de la culture chorégraphique et reste considéré aujourd’hui comme l’un des grands réalisateurs en danse, reconnu comme pair et artiste par les chorégraphes.