Kinkan Shonen - Graine de Cumquat
1981 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Amagatsu, Ushio (Japan)
Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la danse , Saisons 1980 > 1989
Producteur vidéo : Maison de la Danse
Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon
Kinkan Shonen - Graine de Cumquat
1981 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Amagatsu, Ushio (Japan)
Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la danse , Saisons 1980 > 1989
Producteur vidéo : Maison de la Danse
Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon
Kinkan shonen [Graine de cumquat]
Le geste dans le souvenir, vers l'envers.
Il existe une espèce de poisson qui, dans une première phase de sa vie, naît mâle. Puis, ses organes masculins dégénèrent, et il se métamorphose en femelle. C'est pour cela qu'à l'origine mâle et femelle ne faisaient qu'un. On dit que ce mâle et cette femelle ont copulé et donnent naissance à un œuf. C'est une histoire bizarre ! Au cours de sa vie, ce poisson a donc l'expérience d'être successivement mâle et femelle. Les origines de l'homme se trouvent chez le poisson. Jadis, les poissons vinrent sur la terre et commencèrent à vivre. On sait qu'un spectacle a un début et une fin. Quand on trace un cercle avec un compas, il y a un point de départ et une fin. Quand le cercle est terminé, ces deux points se confondent et une forme apparaît.
« Kinkan shonen (Graine de cumquat) » évoque le rêve d'un jeune garçon sur les origines de la vie et de la mort. Cet enfant droit debout au bord de la plage laisse son regard plonger sous la surface de l'océan pour y fusionner avec les poissons, stade primitif de l'humanité. Les poissons séchés qui constituent le décors servent d'écrin vital aux danseurs, tous le crâne rasé, tous le corps poudré, glissant hors de leur gangue pour une mue violemment perturbante.
Poème introductif :
extrait de « Dialogue avec la gravité », d'Ushio Amagatsu, édition Actes Sud
(traduction Patrick De Vos)
« Station debout sur la frange entre terre et mer
Devant, déployé à perte de vue, l'horizon par-dessous,
un grouillement de poissons
Qui depuis les fonds fixent des yeux la surface des eaux
Leurs innombrables cœurs font du tapage
Tantôt à l'unisson, en un immense battement, tantôt en
ordre dispersé, et sans fin cela recommence,
Jusqu'à ce qu'une espèce entière émerge et grimpe sur le
continent, se mette à respirer, à déployer des mains
et des jambes, à marcher, à se redresser,
images remanentes qui se superposent les unes aux
autres, pour s'unir tout à la fin, là, derrière soi.
Devant soi, derrière soi.
Quelqu'un regarde dans son dos celui qui regarde la mer.
Puis quelqu'un d'autre regarde ce quelqu'un
dans son dos...
L'impression de se tenir en un point d'un cercle immense.
On croit pouvoir boucler la boucle en s'avançant,
résolument, vers la mer.
Une ombre tremble sous les paupières.
Les yeux s'ouvrent lentement.
Partout devant le vaste ciel bleu.
Je m'étais évanoui.
A la pointe du cap, le phare, une large plage de sable,
la cloche du toscin.
Le soleil brille, d'une lumière violente.
Rêverie à l'instant de la chute.
Ténèbres au cœur de mon rêve.
La nausée vient.
Au reste la soirée avait été chaude, impossible de dormir,
yeux écarquillés face aux ténèbres,
comme si j'avais posé une question horrible.
Été. »
Source : Programme de salle Maison de la Danse
Amagatsu, Ushio
Né à Yokosuka, au Japon en 1949 Ushio Amagatsu a fondé la compagnie de Butoh Sankai Juku en 1975.
Il a créé Amagatsu Sho (1977), Kinkan Shonen (1978), Sholiba (1979) avant la première tournée mondiale en 1980. Depuis 1981, la France et le Théâtre de la Ville,Paris sont devenus son lieu de création et travail et cette année-là il crée Bakki pour le Festival d'Avignon. Il a créé au Théâtre de la Ville 14 productions depuis 1982.
Ushio Amagatsu travaille également de manière indépendante de Sankai Juku. En 1988, il crée « Fushi » à l'invitation de Jacob's Pillow Foundation, aux États-Unis, avec la musique de Philippe Verre. En 1989, il est nommé directeur artistique du Spiral Hall à Tokyo où il met en scène "Apocalypse" (1989) et "Cinquième-V" (1990).
En février 1997, il réalise "Le Château de Barbe Bleue" de Bartok dirigé par Peter Eotvos au Tokyo International Forum. En mars 1998, à l'Opéra National de Lyon, il met en scène l'opéra de Peter EOTVOS « Three Sisters » (première mondiale), qui a reçu le "Prix du Syndicat National de la Critique, France." "Three Sisters" a été vu dans la saison 2001-2002 au Théâtre du Châtelet à Paris, au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles à l'Opéra National de Lyon, et au Wiener Festwochen 2002 en Autriche.
En mars 2008, Amagatsu a réalisé "Lady Sarashina",le nouvel opéra de Peter EOTVOS à l'Opéra National de Lyon(première mondiale). "Lady Sarashina" a de nouveau reçu le « Prix du Syndicat National de la Critique, France » et on l'a vu à l'Opéra Comique en février 2009 et au Teatr Wielki, Opéra National de Pologne, à Varsovie en Avril 2013.
Ushio Amagatsu a également présidé le jury du Concours Chorégraphique International de National Academy of Dance, Italie (2011), et le Jury des Rencontres Internationales de Danse de Bagnolet (1992).
Les prix et mérites incluent la Médaille Purple-Ribbon par le gouvernement japonais (2011), le Geijyutsu Sensho Prix (Art Encouragement Prize) du Ministre de l’Éducation, Culture, Sports, Science et Technologie(2004).
Il a été nommé Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le Ministère de la Culture français (1992, commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministère français de la Culture (2014).
Ouvrages sur ushio Amagatsu : "Ushio Amagatsu, des rivages d'enfance au buto de Sankai Juku" (Biographie dictée par Kyoko Iwaki, Actes Sud, 2013, France). « Dialogue avec la gravité » (Actes Sud, 2000, France).
En savoir plus : sankaijuku.com
Picq, Charles
Auteur, réalisateur et vidéaste, Charles Picq (1952-2012) entre dans la vie professionnelle dans les années 70 par le théâtre et la photographie. Après une reprise d'études (Maîtrise de Linguistique - Lyon II, Maîtrise des Sciences et Techniques de la Communication - Grenoble III), il se consacre à la vidéo, d'abord dans le champ des arts plastiques à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC) et avec le groupe "Frigo", puis dans celui de la danse.
Dès la création de la Maison de la Danse à Lyon en 1980, il est sollicité pour y entreprendre un travail de documentation vidéo qu'il poursuit toujours depuis. Durant les années 80, marquées en France par l'explosion de la danse contemporaine et le développement de l'image vidéo, il fait de nombreuses rencontres avec des artistes tels qu'Andy Degroat, Dominique Bagouet, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Susanne Linke, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Michel Kelemenis. Son activité se déploie dans le champ de la création avec des installations et des vidéos en scène, ainsi que dans celui de la télévision avec des spectacles filmés, des recréations et des documentaires. Avec Dominique Bagouet (80-90), la rencontre est particulière. Il documente sa création, l'assiste sur " Le Crawl de Lucien" et co-réalise avec lui les films "Tant Mieux, Tant Mieux" et "10 anges".
Dans les années 90, il devient le directeur du développement vidéo de la Maison de la danse et œuvre, avec le soutien de Guy Darmet et son équipe, pour une place grandissante de l'image vidéo au sein du théâtre à travers plusieurs initiatives :
• Il fonde une vidéothèque de films de danse, d'accès public et gratuit. C'est une première en France. Poursuivant la documentation vidéo des spectacles, il en organise la gestion et la conservation.
• Il impulse la création d'un vidéo-bar et d'une salle de projection vidéo dédiée à l'accueil scolaire.
• Il initie les "présentations de saisons" en image.
• Il conçoit l'édition du DVD "Le tour du monde en 80 danses", une vidéothèque de poche produite par la Maison de la Danse pour le secteur éducatif.
• Il lance la collection « Scènes d'écran » pour la télévision et le web, il entreprend la conversion numérique de la vidéothèque et crée Numeridanse.
Ses principaux documentaires sont : "Enchaînement", "Planète Bagouet", "Montpellier le Saut de l'Ange", "Carolyn Carlson, a woman of many faces", "Grand Ecart", "Mama Africa", "C'est pas facile", "Lyon, le pas de deux d'une ville", "Le Défilé", "Un Rêve de cirque".
Il a également réalisé des films de spectacle : "Song", "Vu d'Ici" (Carolyn Carlson),"Tant Mieux, Tant Mieux", "10 anges", "Necesito" et "So Schnell", (Dominique Bagouet), "Im bade wannen","Flut" et "Wandelung" ( Susanne Linke), "Le Cabaret Latin" (Karine Saporta), "La danse du temps"(Régine Chopinot), "Nuit Blanche"( Abou Lagraa), "Le Témoin" (Claude Brumachon), "Corps est Graphique" (Käfig), "Seule" et "WMD" (Françoise et Dominique Dupuy), " La Veillée des Abysses" (James Thiérrée), Agwa »(Mourad Merzouki), Fuenteovejuna (Antonio Gadès), Blue Lady revisted (Carolyn Carlson)…
Source : Maison de la Danse de Lyon
Sankai Juku
Direction artistique: Ushio Amagatsu
Année de création: 1975
Sankai Juku a été formé en 1975 par Ushio Amagatsu qui fait partie de la deuxième génération de danseurs butô ; Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno en étant les pères fondateurs. Le butô est une forme qui transcende les réactions de la génération «post-Hiroshima» au Japon et qui jette les bases d'une approche radicale de la danse contemporaine japonaise à partir de la fin des années 50. Son nom signifie littéralement «l'atelier de la montagne et de la mer» par référence à ces deux éléments déterminants de la topologie du Japon.
Sankai Juku, compagnie totalement indépendante, commence alors ses représentations au Japon dans des salles de spectacle louées. La première production d'importance de Sankai Juku fut «Kinkan Shonen» en 1978. Elle révéla la direction artistique d'Amagatsu qui donna du butô une image plus claire, plus transparente, plus cosmogonique. La force de chaque expression, de chaque mouvement, de chaque élan, ramène toujours aux origines du monde pour offrir une appréhension passionnée de la vie et de la mort. En 1980, Sankai Juku est invité pour la première fois en Europe. De cette première rencontre physique avec des cultures étrangères, Amagatsu développe sa théorie d'un équilibre entre les cultures «ethniques» dont la sienne, japonaise, avec une forme de recherche d'universalité. Pour Amagatsu, le butô n'est pas simplement une technique formelle ou un style académique, mais il tend à articuler le langage du corps afin de trouver, au plus profond des êtres, un sens commun, une universalité humaniste, quitte à recourir parfois à la cruauté ou à la brutalité.
Grâce à ses tournées internationales annuelles depuis près de 30 ans, mais aussi par des ateliers et master classes que Sankai Juku dirige à Paris, au Japon et ailleurs, le style propre de Sankai Juku et son esthétique si particulière, sont aujourd'hui diffusé dans le monde entier. Ils influencent désormais un nombre grandissant d'artistes dans les domaines aussi divers que ceux de la danse contemporaine, mais aussi du théâtre, de la peinture, de la mode, de la photo... Hors Sankai Juku, Ushio Amagatsu a créé deux pièces pour danseuses et danseurs occidentaux aux États-Unis et à Tokyo. Il a aussi chorégraphié la danseuse indienne Shantala Shivalingappa. Il a mis en scène «Barbe Bleue» de Bela Bartok au Japon et les créations mondiales des opéras «Trois Sœurs» et «Lady Sarashina» de Peter Eötvös à l'Opéra de Lyon.
Source : Programme de salle Maison de la Danse
En savoir plus
Kinkan shonen [Graine de cumquat]
Chorégraphie : Ushio Amagatsu
Interprétation : Ushio Amagatsu, Goro Namerikawa, Keiji Morita, Yoshituki Takada, Atsushi Ogata
Mise en scène : Ushio Amagatsu
Lumières : Yoshio Takagi
Décors : Yoshiyuki Yamada
Direction technique : Yuji Kobayashi
Son : Yoichiro Yoshikawa
Autres collaborations : (Première en 1978 au Nihon Shobo Kaikan Hall, Japon / recréation en 2005 au Biwako hall, Siga, Japon)
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : Maison de la Danse - Charles Picq, 1981
Durée : 95'
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