Carriage Discreteness
2008
Chorégraphe(s) : Rainer, Yvonne (United States)
Présentée dans la/les collection(s) : Ministère de la Culture , CNC - Images de la culture
Producteur vidéo : EAT, B. Schultz Lundestam, Billy Klüver & Julie Martin
Carriage Discreteness
2008
Chorégraphe(s) : Rainer, Yvonne (United States)
Présentée dans la/les collection(s) : Ministère de la Culture , CNC - Images de la culture
Producteur vidéo : EAT, B. Schultz Lundestam, Billy Klüver & Julie Martin
Carriage Discreteness
Présentée les 15 et 21 octobre 1966, Carriage Discreteness est une performance chorégraphique d’Yvonne Rainer, qui juxtapose différents éléments livrés à l’interprétation du public : le déplacement d’objets et de personnes au niveau du plateau, la gravitation de mobiles dans les hauteurs, une conversation à propos d’un film et des projections sur écran.
Cette ambitieuse performance combine l’intérêt grandissant de la danseuse Yvonne Rainer pour le cinéma et les recherches du Judson Dance Theater sur les gestes issus du quotidien. Deux plans semblent s’opposer selon un réseau complexe de correspondances et significations. Un plan profane : celui du plateau où un groupe de danseurs déplace des plaques, des poutres et des parallélépipèdes conçus par Carl Andre, à la manière d’ouvriers ou de déménageurs. En fond sonore, la conversation d’un homme et d’une femme à propos d’un film de Bertolucci. Et un plan céleste : celui d’objets circulant sous la voûte de l’Arsenal, une tige et une sphère, tels des satellites ou des divinités abstraites. Parmi eux, Steve Paxton, ange acrobate propulsé du balcon, fend l’espace sur une balançoire jusqu’à s’immobiliser progressivement au-dessus du plateau. Une référence au cirque que l’on retrouve dans l’extrait d’un film de W.C. Fields, auquel succède une séquence tirée d’un mélodrame avec James Cagney.
Sylvain Maestraggi
Rainer, Yvonne
Yvonne Rainer, danseuse, chorégraphe et cinéaste, est née en 1934 en Californie, à San Francisco. Figure emblématique de la post-modern dance américaine, elle s’attache à faire émerger une nouvelle image du danseur, en rejetant la virtuosité et l’expressivité du corps. Elle participe aux collectifs The Judson Dance Theater et The Grand Union avant de se consacrer au cinéma expérimental en 1972.
Voulant d’abord être comédienne, Yvonne Rainer vient à New York en 1956. Mariée au peintre expressionniste abstrait Al Held, elle côtoie le milieu des plasticiens et rencontre notamment Robert Morris, Robert Rauschenberg et Alex Hay. En 1957, elle prend ses premiers cours de danse, avec Edith Stephen, elle a vingt-trois ans. En 1959, elle suit l’enseignement de Martha Graham et de Merce Cunningham, elle se forme également en technique classique et décide de se consacrer à la danse. En 1960, elle participe à un atelier dirigé par Anna Halprin en Californie, et, de retour à New York, suit le cours de composition de Robert Dunn. Ces deux propositions l’ouvrent à des pratiques décisives pour son approche de la chorégraphie. Anna Halprin insiste sur la notion de tâche et sur l’attention portée à l’action en train de s’effectuer. Robert Dunn s’attache à la structuration de la danse à partir d’une donnée simple ou de procédés aléatoires.
Simone Forti, Steve Paxton, Trisha Brown, David Gordon et Deborah Hay participent également aux ateliers de Robert Dunn. Ces danseurs, qui ont entre vingt et vingt-cinq ans, s’immergent dans l’avant-garde artistique new-yorkaise de l’époque et, à l’initiative de Robert Dunn, présentent certaines des pièces qu’ils ont élaborées au cours des ateliers de composition. C’est le fameux concert de danse qui a lieu le 6 juillet 1962 à la Judson Memorial Church. Dans ces années, Yvonne Rainer est également interprète, notamment pour Simone Forti, James Waring, Aileen Passlof.
source : Centre national de la danse
Carriage Discretness
Chorégraphie : Yvonne Rainer
Durée : 38'
9 Evenings : Theatre & Engineering
9 Evenings : Theatre & Engineering est une série de dix films consacrés aux dix performances légendaires qui ont eu lieu à New York en octobre 1966. Point d’orgue du foisonnement créatif new-yorkais des années 1950-60, les 9 Evenings représentent un moment charnière du rapprochement entre art et technologie, et de l’invention de nouvelles formes de composition et de performance.
C’est à la complicité de Billy Klüver, ingénieur au centre de recherches Bell Laboratories, avec le plasticien Robert Rauschenberg que l’on doit 9 Evenings : Theatre & Engineering, une série de performances qui furent présentées à l’Arsenal du 69e Régiment de New York, entre le 13 et le 23 octobre 1966. L’enjeu était simple : mettre à la disposition d’une dizaine d’artistes le savoir-faire d’une équipe d’ingénieurs des laboratoires Bell, pour leur permettre de réaliser, grâce à des moyens technologiques de pointe, “la performance de leur rêve”. Projecteurs, caméras vidéo, transistors, amplificateurs, électrodes et oscilloscopes firent ainsi leur entrée sur scène au service de visions ambitieuses, futuristes, iconoclastes ou poétiques – qui toutes furent filmées en noir et blanc et en couleur. Lorsque ces films furent retrouvés en 1995, Billy Klüver décida en collaboration avec Julie Martin et la réalisatrice Barbro Schultz Lundestam, de produire une série de documentaires restituant ce qui s’était produit sur scène et lors de la préparation des performances. Ainsi le matériau original fut-il complété par des entretiens avec les protagonistes de chaque performance (artistes et ingénieurs), des images d’archives et quelques invités prestigieux. Les 9 Evenings allaient pouvoir retrouver leur place dans l’histoire de l’art.
Or, les artistes le rappellent eux-mêmes, ces performances s’inscrivent de manière déterminée dans l’évolution de l’art aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Sans remonter jusqu’à Jackson Pollock, évoqué par Lucinda Childs, qui, en plaçant le geste au cœur de la peinture ouvrit la voie à un art de l’action, le parrainage de Merce Cunningham, John Cage et Robert Rauschenberg est de première importance dans le développement de ce qui sera présenté sur scène. C’est au Black Mountain College, où enseignait Cage, qu’eut lieu en 1952 le premier happening auquel participèrent Rauschenberg et Cunningham, ainsi que David Tudor, que l’on retrouve dans les 9 Evenings.
Une des spécificités de cet événement était de rassembler librement différentes disciplines artistiques sur une même scène, en renonçant au caractère narratif de la représentation théâtrale. La plupart des artistes invités à participer au 9 Evenings sont issus du Judson Dance Theater, un collectif réuni dans l’église Judson à New York et constitué de disciples de Merce Cunningham. Les préceptes de John Cage leur étaient enseignés par Robert et Judith Dunn, et Rauschenberg, directeur artistique de la compagnie de Cunningham, les assistait dans l’organisation de leurs spectacles. Rauschenberg s’initia lui-même à la danse dans les années 1960 et réalisa certaines performances avec Carolyn Brown, Steve Paxton, Deborah et Alex Hay.
Transversalité, mélange de danseurs et de non-danseurs, interaction avec des objets, abandon de la technicité de la danse au profit de l’observation des gestes du quotidien, sont autant de caractéristiques du Judson Dance Theater que l’on retrouve dans les 9 Evenings. Trouver un nouveau rapport entre l’art et la vie, telle était l’injonction de Cage et Rauschenberg. Sur l’immense plateau de l’Arsenal, la technologie mise au service des artistes va permettre d’intégrer toutes sortes de sons et d’images venus de l’extérieur et la danse va s’effacer pour laisser place à un nouveau genre de pantomime appelé performance.
La technologie des ingénieurs de Bell est elle-même un de ces éléments du monde extérieur. Les artistes choisissent de la mettre en scène ou de l’escamoter au profit de compositions tirées de leur imagination. Chez les musiciens, Cage et Tudor, c’est une débauche de câbles, chez Alex et Deborah Hay, une atmosphère expérimentale proche de la science-fiction, chez Lucinda Childs, un dispositif empreint de modernisme. Rauschenberg et Robert Whitman proposent des formes plus directement empruntées à notre environnement quotidien : l’un change le plateau en terrain de tennis, l’autre y fait pénétrer des automobiles. Dans ces performances, comme dans celle d’Öyvind Fahlström, qui foisonne de “deus ex machina”, la technologie conserve son rôle ancestral de machine de scène.
Si l’amplification du son et la projection sur écran constituent une nouveauté, les tableaux dressés par ces artistes appartiennent encore à l’univers du théâtre. Théâtrale également, la séparation entre la scène et le public qui n’est abolie qu’une seule fois par Steve Paxton, avec ses structures gonflables dans lesquelles les spectateurs sont amenés à se promener. Ce qui nous écarte du théâtre toutefois, c’est l’absence de texte ou de parole (à l’exception d’Öyvind Fahlström). La performance n’est pas ordonnée à un récit, elle invente ses propres unités de temps et d’action. D’où la tension dont témoignent certains artistes qui ignoraient parfois la durée de leur spectacle ou doutent encore de sa cohérence. La performance est un art du risque qui se joue dans l’instant.
Enfin, grâce à la technologie, on voit émerger tout un nouveau monde d’images. Cette vie qu’il appartient à l’artiste de réconcilier avec l’art est faite non seulement de gestes, mais aussi d’images de télévision et de cinéma, d’images documentaires ou de publicité, d’images-fantasmes ou d’images-messages. C’est flagrant chez Yvonne Rainer et Robert Whitman. Le monde qui pénètre sur scène est celui de la société de consommation et de ses objets fétiches : radios, télécommandes, ventilateurs, aspirateurs, machines à écrire. Le règne de l’automatisme et de l’interrupteur. Que l’entreprise qui met à disposition ses ingénieurs soit une compagnie de téléphone laisse songeur quant à l’avenir de ces techniques. Mais à la différence du pop art, qui s’empare au même moment des emblèmes et des rites de la société américaine, et même si la plupart des performances ont une dimension ludique, on discerne, en filigrane des 9 Evenings, comme un soupçon critique à l’égard de ce nouvel environnement. Cela éclate chez Öyvind Fahlström, qui livre un pamphlet contre l’idéal conformiste des Etats-Unis. Mais il n’est pas tout à fait isolé. La foule spectrale filmée à la caméra infrarouge chez Rauschenberg, le visage bardé d’électrodes de l’artiste cobaye Alex Hay, le monde synthétique de Steve Paxton laissent filtrer une certaine inquiétude. Imitant la condition de l’ouvrier ou du consommateur, le corps du danseur renonce à toute agilité pour n’être plus qu’un opérateur dans un dispositif, voire une simple chose déplacée sur un socle comme chez Deborah Hay.
Durant ces dix jours, les ingénieurs et les artistes des 9 Evenings auront transformé l’immense voûte de l’Arsenal en caverne de Platon, où le public sera venu admirer les reflets dispersés du monde moderne. Si la tristesse de l’ère industrielle vient de ce que la technique nous dépossède de la réalité, à travers ces dix propositions, la performance s’est affirmée comme un genre libre et onirique, capable de puiser dans la rumeur dudit monde – fût-elle électrique – un matériau neuf à transfigurer.
Source : Sylvain Maestraggi (Texte publié dans Images de la culture n°29, février 2015)
Danse et arts numériques
Noé Soulier : Repenser le mouvement
(LA)HORDE : RÉSISTER ENSEMBLE
Latitudes contemporaines
Rencontres avec la littérature
La collaboration entre chorégraphe et écrivain fait apparaître de multiples combinaisons. Parfois, ce n’est plus le chorégraphe qui « met en danse » le texte d’un auteur, c’est l’écrivain qui prend la danse pour sujet ou matière de son texte.
Danse et performance
Echantillon d’extraits des figures burlesques de la Performance en danse.
Les états de corps
Explication du terme « état de corps » pour la danse.
La Fondation BNP Paribas
Corps dansants
Focus sur la variété des corps que propose la danse contemporaine et la manière de montrer ces corps : de la nudité complète au corps tout à fait caché ou recouvert.
Danse et arts plastiques
Danse et arts plastiques sont parfois en collaboration sur scène. Ce Parcours ne peut aborder toutes les formes de leurs relations ; il tente seulement de montrer l'importance de la création plastique dans certaines chorégraphies.
Danses noires
Pourquoi je danse ?
L’espace scénique
Un spectacle de danse se déroule dans une zone spatiale définie ou non. Ce parcours permet de comprendre l’occupation de l’espace scénique en danse.
Les arts du mouvement
Des genres et des styles
La danse est un terme bien vaste qui comprend beaucoup de spécificités. Ils dépendent de la culture d’un pays, d’une époque, d’un lieu. Ce Parcours propose une visite entre les genres et les styles de la danse.
La filiation « américaine » de la danse moderne. [1960-1990] Postmodern dance et Black dance, des postures artistiques engagées dans leurs temps
Alors que les différentes visions de la Modern dance développées depuis la fin des années 1920 continuent à être actives, à se transformer et que leur rayonnement à l’international croît, une nouvelle génération de danseurs émerge dans une Amérique en pleine mutation.
La danse à la croisée des arts
Certains spectacles sont le lieu de rencontre de différents métiers. Voici un aperçu de certains spectacles où les arts se croisent sur la scène d’une pièce chorégraphique.
La filiation «américaine» de la danse moderne [1900-1930] : De la danse libre à la Modern Dance.
La Biennale de la danse
Rituels
Découvrez comment la notion de rituel prend sens dans diverses danses à travers ces extraits.