Contemporain - Epreuves de danse 2019. Variation N°9. Fin du 2ème cycle examen d'entrée en CEPI. Garçon.
2018 - Réalisateur-rice : Le Mao, Gilles
Chorégraphe(s) : Thierry, Sébastien (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Ministère de la Culture , Épreuves de danse - Archives danse contemporaine
Contemporain - Epreuves de danse 2019. Variation N°9. Fin du 2ème cycle examen d'entrée en CEPI. Garçon.
2018 - Réalisateur-rice : Le Mao, Gilles
Chorégraphe(s) : Thierry, Sébastien (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Ministère de la Culture , Épreuves de danse - Archives danse contemporaine
Epreuves de danse 2019. Danse contemporaine. Variation N°9. Fin du 2ème cycle examen d'entrée en CEPI. Garçon.
Commentaire pédagogique
Matrices de la composition :
Les matrices intrinsèques de cette proposition chorégraphique sont l’élan, l’impulsion, la retenue, la spirale, la fluidité, le lier, l’élasticité et la prise d’espace. Cette composition s’organise également autour des notions de stabilité et de labilité (propension du danseur à changer, à bouger et à être mobile).
Globalement, la variation fonctionne par un jeu d’affinités entre les différents facteurs du mouvement. Lorsque le temps est soudain, l’espace est direct et le flux est contraint. Lorsque le temps est continu et soutenu, l’espace est alors flexible et courbe avec un flux libre.
Au sein de cette proposition, la qualité dynamique crée la forme. Cette qualité globale est mise en tension par certains moments au sein desquels les intentions sont davantage spatiales : les surfaces du corps créent alors la forme, des volumes et lignes sont créés par le danseur (tilt seconde, grand plié…).
Afin de nourrir la poétique du mouvement, nous pouvons emprunter l’image d’un roseau mis en mouvement par le vent. Le roseau est emporté, se courbe, flotte, suspend… Il est extrêmement souple tout en étant résistant et puissant. Ces propriétés renvoient au principe de labilité.
L’élément de l’air est également très présent. Nous pouvons imaginer le danseur dans un « océan d’air ». Il met en « mouvement l’air » et « l’air le met en mouvement ». Nous mettons en jeu le principe de réversibilité du toucher : toucher et être touché.
L’élément de l’eau peut également nourrir l’imaginaire du danseur : le flux et reflux de la mer, l’écoulement paisible d’une rivière en montagne… Des représentations picturales telles La Grande Vague de Kanagawa de l’artiste Hokusai sont des supports permettant l’incorporation de cette composition.
Analyse fonctionnelle de la composition :
De manière générale, les initiations du mouvement se situent au niveau de la colonne vertébrale, de la tête, de la ceinture scapulaire et de la cage thoracique.
En restant mobile, la ceinture scapulaire (ceinture de l’expression) permettra le caractère lyrique et expressif de cette variation, proche en cela de certaines caractéristiques de la danse de Doris Humphrey.
Les élévations de jambes sont généralement initiées par le buste en situation de contrepoids.
La plupart des déséquilibres trouvent leur source au niveau de la tête.
L’élan des bras permet l’amplitude des grands sauts.
Les courses permettent de grandes prises d’espace. Pour celles-ci, il est essentiel d’engager le sacrum, d’attaquer le sol par la pulpe des doigts de pieds, d’orienter le poids du coccyx-sacrum vers le sol et la tête vers le ciel. Il est également important lors des grandes courses circulaires que le danseur abaisse son centre de gravité et laisse « passer les jambes » afin de rester stable. Les courses et les suspensions sont prises dans des élans favorisant une circulation constante du mouvement. Les suspensions doivent être envisagées avec l’idée d’une prise de risque et non celle d’un « équilibre statique ». Notons que la notion d’élan, très présente au sein de cette composition, permet au danseur d’obtenir une certaine organicité et d’aborder certains enjeux techniques en toute sérénité.
Concernant la marche effectuée en début de variation, le danseur privilégie un « aller vers » de manière continue à vitesse constante. L’intention de pénétrer l’espace est essentielle et le regard est direct. Il convient d’être vigilant à ce que la marche ne comporte pas d’accentuations mais soit fluide. Cette marche est initiée par un léger déséquilibre avant. Afin de bien engager ce dernier, il est souhaitable que le danseur soit en position « pied à la marche » au démarrage afin d’entrer de manière dynamique dans l’espace.
Au moment de la suspension précédant la partie au sol, le danseur doit aborder la spirale descendante en se lançant dans l’espace avec l’idée que le bas du corps attire le haut et non l’inverse. La descente au sol doit être envisagée de manière dynamique et non formelle.
Pour la partie au sol, le danseur doit suspendre le bassin et ouvrir le sternum dans la suspension précédent la 4ème au sol. Après le temps de silence, le danseur doit effectuer un seul et même mouvement pour se retrouver sur ses deux ischions. Pour cela, le danseur doit trouver une impulsion dans les mains pour repousser le sol et tracer un quart de cercle avec les pieds. La torsion suivante s’engage par la tête puis la cage thoracique avec un retard de l’engagement du bassin. Le danseur doit veiller à balayer l’espace avec le regard. Le mouvement suivant s’effectue avec une dynamique de swing dans le sol et une décélération lorsque le bassin va vers la suspension.
Lors du déséquilibre arrière (de profil, après le déroulé de colonne), l’initiation du mouvement s’effectue par la cage thoracique et le sternum. Nous pouvons imaginer la cage glissant sur les poumons. Cela évitera au danseur de « casser » la nuque et donc d’écraser les cervicales dans ce déséquilibre arrière.
Enfin, concernant les déplacements sinusoïdaux et les suspensions spiralées situés en fin de variation, le danseur doit dessiner des demi-cercles au sol. Il est essentiel de décélérer et d’accepter le poids pour engager le déplacement. L’interprète doit également veiller à gérer les distances au sein de ce parcours de fin. Concernant les spirales amenant les déséquilibres, il est important que ce mouvement s’inscrive dans les trois plans (sagittal, transversal et frontal). Ces mouvements s’effectuent dans un flux continu et non dans une dynamique de swing. Enfin, le danseur doit être vigilant à ne pas donner à voir au spectateur les accélérations et décélérations.
Relation musique et danse :
Contrairement au travail d’écriture chorégraphique, la composition musicale ne contient ni impact ni arrêt. Cela permet un espace de dialogue entre la danse et la musique. Généralement, les respirations musicales accompagnent celles du danseur. Les 3 niveaux de relation entre musique et danse sont développés : rapport analogique, rapport distancié et rapport frotté.
Cette variation ne proposant pas un temps spécifique d’improvisation, nous faisons le choix de permettre au danseur d’organiser sa ponctuation (suspensions, points d’orgue, accélérations…) à l’intérieur de l’œuvre musicale et de son phrasé. Cela lui offre la possibilité de faire dialoguer sa musicalité intrinsèque avec celle de la composition musicale. Cependant, certains temps – notamment au niveau des accentuations – sont des points de rencontre stabilisés entre musique et danse et permettent une densité rythmique. Par exemple, les 8 temps de silence au sol représentent un moment de cristallisation dans la construction de la composition. Il est essentiel que le danseur habite ce temps en contraste avec la musique. Dans cette situation, le danseur reste connecté au mouvement qui a précédé et est prêt à bondir dans celui qui succède. L’arrêt est net, soudain et s’effectue par un mouvement direct, sans résonnance et sans rebond.
La proposition musicale s’organise autour de la notion de fluidité : une fin de phrase est le début d’une autre, la fin d’une suspension est déjà le début du déséquilibre. Cette idée de tuilage est essentielle.
Séquençage :
- Au début de la composition, le son naît du silence et le mouvement de l’immobilité ;
8 temps de marche à la noire (80 environ) puis 8 temps de course à la croche et 4 temps de retour au calme (dont deux derniers temps de levée au piano annonçant le « pas de six ») ;
- 4 phrases de 6 temps et une de 10 temps (se terminant en course) ;
- 8 temps en ternaire pour la partie de grands sauts (accents musicaux et danseur sur 1/3/7) ;
- 2 phrases de 8 temps avec chacune un appui sur le 1er temps ;
- 1 phrase de 8 temps avec accents musicaux et danseur sur 7/8 (bras puis tête) ;
- 2 phrases de 8 : la 2ème avec decelerando et accents danseur sur 1 (bras) /7 (mains) ;
4 phrases de 8 (avec accompagnement voix) ;
- 5 phrases de 8 :
• 2ème phrase → accent danseur sur 8 (impact au sol)
• 3ème phrase → silence danseur
• 4ème phrase → accents musicaux et impulsions danseur sur 1/3/5/8
5ème phrase → accents musicaux et danseur 2/5 (impulsion sur appui main) puis déroulé de la colonne sur 7 et 8 (chimes) ;
4 phrases de 8 avec pour la 1ère impacts danseur sur 4/et/5.
Quelques pistes de travail :
Il est essentiel de ne pas aborder cette danse avec une vision techniciste et formelle. Il peut être utile de travailler autour des chemins du mouvement, du tracé et du dessin dans l’espace. L’ensemble de ces chemins peut, dans un premier temps, être abordé par un travail autour de l’esquisse ou encore autour des trajets dans l’espace avant de fixer davantage la forme.
Des thèmes d’improvisation/composition peuvent être proposés afin de permettre l’appropriation des éléments fondamentaux de cette danse (liste non exhaustive) :
• Soudain/continu
• Espace direct/indirect
• Impulse/impact
• Spirale dans l’espace et le corps
• Qualités dynamiques créant la forme/qualités spatiales (les surfaces créent la forme, création de volumes…)
• Stabilité/labilité
• Équilibre/déséquilibre
• Éléments : air, eau…
De nombreuses adaptations sont possibles, selon le degré de pratique de l’élève interprète afin de ne pas le mettre en difficulté. Il est important de favoriser une transmission matricielle afin de dépasser les difficultés techniques. Cela permettra au danseur un travail d’appropriation dégagé d’une reproduction formelle. À ce titre, sur le plan de la culture chorégraphique, il peut être intéressant d’observer dans l’œuvre Trois générations de Jean-Claude Gallotta comment chaque génération d’interprètes se saisit et s’approprie l’écriture sans en perdre les matrices intrinsèques ni les intentions. Sébastien THIERRY
Cette variation écrite pour un garçon peut cependant être dansée par une fille si elle en est motivée.
Livret pédagogique
Thierry, Sébastien
Sébastien Thierry obtient le diplôme de lauréat après des études à l’École supérieure de danse de Cannes – Rosella Hightower. Il poursuit sa formation auprès de Peter Goss et à l’Atelier de Paris Carolyn Carlson. Artiste chorégraphique au sein de différentes compagnies (Marc Lawton, Mic Guillaumes, Marie Devillers…), il développe également ses propres projets et recherches chorégraphiques en créant et dirigeant la compagnie Gabillou.
Titulaire du diplôme d’État et du certificat d’aptitude en danse contemporaine, il a suivi différentes formations spécialisées au Centre national de la danse (formation de formateur en éveil-initiation à la danse, formations Danse à l’école, « Rythme du corps » sous la direction de Françoise Dupuy…) et est détenteur d’un master « Métiers de la transmission et de l’intervention en danse » de l’Université de Nice. Il suit actuellement la formation diplômante en analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé au Centre d’études supérieures musique et danse de Poitou-Charentes.
Il a été professeur et coordinateur des départements danse des conservatoires de Franconville et Beauvais ainsi que professeur à l’École de danse du Ballet du Nord – Centre chorégraphique national de Roubaix-Carolyn Carlson. Il est actuellement professeur et directeur des études chorégraphiques au conservatoire de Lille. Il enseigne et dirige régulièrement des ateliers pour différentes structures tel Le Gymnase / Centre de développement chorégraphique – Roubaix ou le CFMI de Lille.
Il est également formateur en pédagogie et didactique de la technique dans le cadre de la formation au diplôme d’État de professeur de danse option danse contemporaine de l’École supérieure musique et danse Nord de France et intervient au sein de la formation au certificat d’aptitude du CNSMD de Lyon.
Il mène diverses missions d’expertise et d’évaluation : en 2015, à la demande de l’Institut Culturel Français et du ministère des Affaires Étrangères, il a été chargé d’une mission d’étude et de développement du secteur chorégraphique au Liban ; en 2016, il est chargé de mission pour la création et le développement du département danse du conservatoire à rayonnement régional de Douai.
Busson, Gaëlle
Gaëlle Busson s’est perfectionnée auprès de Francis Brana, Jacques-François Juskowiak après des études au conservatoire de Lille, puis avec Jean Geoffroy et a obtenu différents diplômes et prix de percussions classiques et musique de chambre. Elle s’est ensuite tournée vers l’accompagnement danse. Forte d’une expérience de plus de quinze années d’accompagnement de cours et ateliers de danse contemporaine, elle intervient au sein de différents établissements et compagnies tels que le CRR de Lille, le CCN de Roubaix ou encore l’ESMD et aux côtés d’artistes tels Carolyn Carlson et Thomas Lebrun.
Elle est également accompagnatrice à l’ESMD Nord de France dans le cadre de la formation au diplôme d’État de professeur de danse.
Derouf, Laurie
Laurie DEROUF commence le piano à l’âge de 9 ans et obtient son DEM en 2003, elle poursuit ses études au CRR d’Annecy puis au CRR de Lille où elle obtient, en 2013, deux DNOP en chant lyrique et accompagnement. En parallèle, elle a composé plusieurs musiques de film pour le réalisateur Gilles Perret (Les Jours Heureux, La Sociale…) et a travaillé avec le documentariste Marc Rougerie et la cinémathèque des Pays de Savoie pour la mise en musique d’images d’archives et de ciné-concerts.
Aujourd’hui, elle accompagne les classes de danse classique et contemporaine au CRR de Lille.
Le Mao, Gilles
Directeur de la société de production La Huit depuis 1990, Gilles Le Mao a produit et réalisé, pour le compte de la Délégation Générale à la Création Artistique, plus de 300 déclinaisons des « Épreuves de Danse » depuis 1996.
Producteur délégué de quelque 400 programmes audiovisuels et cinématographiques à La Huit, il réalise également de grands entretiens sur des personnalités de l'ethnologie, de l'architecture, du paysage et de l'histoire de l'art avec le ministère de la Culture. Prix 2009 du coup de cœur Musique du Monde de l'Académie Charles Cros pour le film « Les tambours de Tokyo », il a produit une cinquantaine de concerts documentés sur le jazz, les musiques du monde et la musique classique depuis 1999.
Il est également membre de différentes commissions sélectives cinéma depuis 2009 au CNC et dans les régions Limousin, Normandie et Grand-Est. Depuis 1995, il travaille avec le Ministère de la Culture - Drac Ile de France en lycée et BTS section cinéma et production.
Epreuves de danse 2019. Danse contemporaine. Variation N°9. Fin du 2ème cycle examen d'entrée en CEPI. Garçon.
Chorégraphie : Sébastien Thierry
Interprétation : François Malbranque
Musique originale : Gaëlle Busson & Laurie Derouf
Autres collaborations : Avec le concours de la délégation à la danse, de l'inspection à la création artistique , collège Danse.
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : La Huit Production à partir d'une commande du Ministère de la Culture
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