Le Printemps
1989 - Réalisateur-rice : Moisset, Gilles
Chorégraphe(s) : Diverrès, Catherine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Le Printemps
1989 - Réalisateur-rice : Moisset, Gilles
Chorégraphe(s) : Diverrès, Catherine (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Printemps (Le)
Créé le 29 mai 1988 au Festival international du théâtre de Grenade (Espagne), « Le Printemps » s'inspire d'une nouvelle de l'écrivain polonais Bruno Schulz tirée du recueil « La Clepsydre ». L'extrait retenu en préambule pour introduire ce « ballet-métaphore » donne le ton : « Dans chaque printemps il y a tout ceci : cortèges et manifestations interminables, révolutions et barricades, chaque printemps est à un moment donné traversé par un vent chaud d'acharnement, une tristesse, un enchantement sans bornes qui cherche en vain son équivalent dans la réalité.
Ça sent l'herbe et le bois vermoulu, les racines s'en vont dans le noir, elles s'embrouillent, se lèvent ; des sèves inspirées y montent. Nous sommes passés de l'autre côté à l'envers des choses, dans l'obscurité piquée de phosphorescences emmêlées. Tournoiement, agitation, foule. Migration tumultueuse, enchevêtrement et bruit de l'histoire. Le chemin s'arrête là. » [1]
Catherine Diverrès déclare avoir cherché à atteindre dans cette pièce « un état de vie où ce qui vient “affleurer” l'être humain a partie liée avec le sentiment de la mort » [2]. Elle précise son intention par ces mots : « C'est un nocturne en pleine lumière. Une structure en forme de fulguration. Le printemps entre au creux à travers eux. Unité de l'altérité des corps articulés, désarticulés par le souffle. Les mains, les bouches, les dos, fleurs artificielles qu'ils émeuvent.
Eblouissement d'une beauté neuve et cruelle. La membrane fine du mur dans le jardin, ciel antérieur. Regard d'enfance. Amour. Montée de sève. Dehors effervescence, foule, caricature. Légèreté des contours… Qu'est-ce que le printemps sinon à la fois la banalité et l'événement du retour organique dans la fuite invisible et ininterrompue du temps ? » [3]
Pièce marquante, « Le Printemps » est accueilli par une critique unanime et bienveillante même si quelque peu désarçonnée, et constitue le point de passage de Catherine Diverrès au rang des chorégraphes reconnus comme majeurs. La pièce tourne pendant deux ans et se distingue lors du Concours chorégraphique international de Bagnolet par l'attribution du prix d'interprétation à Rita Quaglia.
Le film-vidéo tiré de la pièce est réalisé par Gilles Moisset l'année suivant sa création. D'une durée d'une demi-heure, on y retrouve concentrés les sept interprètes transplantés dans le décor du Château de la Mosson, une « folie » du XVIIIe siècle des environs de Montpellier, en lieu et place du décor du scénographe polonais Gyula Pauer.
Le film est projeté publiquement en janvier 1990 à la Vidéothèque de la Ville de Paris puis en février 1991 dans le cadre de la Mostra de video dansa de Barcelone.
Claire Delcroix
[1] Bruno Schulz, « Le printemps », 1973.
[2] Jean-Marc Adolphe, « Catherine Diverrès : Le Printemps », Présences, novembre 1988, n°83.
[3] Programme du Théâtre national de Chaillot pour « Le Printemps », 25-28 avril 1989.
EXTRAITS
« En regard des œuvres plus secrètes, plus intimes, qu'elle avait signées précédemment, Catherine Diverrès trouve là un souffle grandiose qui puise au cœur d'un trouble indicible. Elle a l'art d'aiguiser les sensations, de faire venir au jour les instants de folie que l'on dissimule habituellement, et de les gonfler d'un mystère puissant. Les interprètes du Printemps nous révèlent le secret de ce qui leur échappe. C'est comme un aveu de vie, une sève qui sourd du corps et qui demande l'outrage du geste. »
Jean-Marc Adolphe, « Catherine Diverrès : Le Printemps », Présences, novembre 1988, n°83
« Deux yeux ne suffisent pas pour tout voir et ne rien perdre du spectacle. Il se passe quelque chose à chaque coin de la scène et celle-là, curieusement, semble en comporter plus de quatre. Ils sont sept danseurs et très vite, on ne sait plus qui est qui, qui danse avec qui et qui fait quoi. Mais une chose est sûre, Catherine Diverrès et ses danseurs surprennent. Impossible de prévoir ce qui va venir. A chaque fois, à chaque nouveau tableau, elle ose quelque chose encore : les danseurs qui viennent se présenter chacun leur tour, en gesticulant et en prononçant des paroles peu audibles, un lustre géant et vieille époque descendant sur scène pour l'éclairer, un pistolet-fou en plastique, des traits d'humour rapides comme des coups de griffe. »
F. D., « Soir de novembre, soir de printemps », La Voix du Nord, 13 novembre 1988
dernière mise à jour : mars 2014
Diverrès, Catherine
Catherine Diverrès naît en Gironde en 1959, et passe une enfance entre France et Afrique. Dès l'âge de 5 ans, elle se forme à la danse classique auprès de Sylvie Tarraube, puis de Suzanne Oussov, selon la technique Vaganova. Dans le milieu des années 1970 elle aborde les techniques américaines (Limon, Graham, Cunningham, Nikolais), et entre en 1977 à Mudra Béjart.
Elle danse un temps pour les Ballets Félix Blaska (1978) puis pour la compagnie Nourkil – danse-théâtre et pour Elinor Ambasch (1979) avec Bernardo Montet. En 1980 ils intègrent la compagnie de Dominique Bagouet à Montpellier, notamment pour les pièces Grand Corridor et Toboggan. A la suite d'une série d'ateliers, Catherine Diverrès conçoit Une main de sable, création pour cinq danseurs pensée depuis un travail en commun autour des thèmes d'origine et de territoire, qui sera présentée au festival de Montpellier en juillet 1981.
En 1982, Elle s’installe à paris avec Bernardo Montet. Advient la préfiguration de ce qui deviendra le Studio DM, avec la création d'un solo de Catherine Diverrès, Consumer, puis l'obtention d'une bourse d'étude du Ministère de la Culture, leur permettant de se rendre à Kamihoshikawa (Japon) suivre une formation de six mois auprès du maître de butô Kasuo Ohno.
La première pièce officielle du Studio DM, Instance, est créée par Catherine et Bernardo Montet en 1983 à Tokyo, et la légende veut qu'elle laissa « muet le maître du butô en personne. » Elle est suivie du Rêve d'Helen Keller en 1984, conçue par Catherine Diverrès seule, et primée lors du Concours de Bagnolet. Sept autres pièces voient le jour entre 1985 et 1994, faisant l'objet de différentes collaborations. De cette première période de création, on note que Catherine Diverrès continue à danser dans chacune de ses pièces. A ses côtés, Bernardo Montet se pose également comme un collaborateur et interprète d'exception : « Deux danseurs hors pair : elle, lointaine, intouchée, lui, massif et virtuose à la fois, tous deux réunis dans une même façon de ployer le corps et de passer avec aisance de la lenteur la plus suspendue à la brutalité la plus vive » (Chantal Aubry).
Le studio DM – où désormais chacun des deux chorégraphes signe ses propres pièces - acquiert progressivement une reconnaissance critique, publique et institutionnelle : les spectacles font la une des festivals les plus prestigieux d'Europe (Avignon, Montpellier, SIGMA à Bordeaux, Sringdance à Utrecht, Glashuset à Stockholm, Festwoch à Berlin…), et sont montés grâce à différentes coproductions (CAC d'Orléans, Théâtre de la Ville, Quartz de brest, CNDC d'Angers, …).
En 1994, Catherine Diverrès et Bernardo Montet sont nommés codirecteurs du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, que Catherine Diverrès continuera à diriger seule à compter de 1998. Ce qui, peut-être, détermine le plus pertinemment cette période tient probablement à l'incursion de textes poétiques ou philosophiques dans les créations. Si l'incursion de textes n'est certes pas nouvelle dans les œuvres de Catherine Diverrès, du moins prend-elle, dans ces années-là, un tour essentiel dans les enjeux, artistiques comme de réflexion, portés par la chorégraphe. Il paraît nécessaire de souligner l'importance de la pratique de l'écriture chez Catherine Diverrès. Les archives des documents artistiques de la chorégraphe montrent assez l'ampleur et la qualité de son implication dans les éditoriaux des Lettres du CCNRB comme dans les dossiers de création : toutes les notes d'intention des pièces, exclusivement rédigées par elle, témoignent d'une grande exigence et d'une rare clarté de pensée.
L'année 2008 est marquée par le retour au statut de compagnie indépendante, que Catherine Diverrès nomme Association d'octobre. La première pièce créée après le départ du CCNRB, Encor (2010), est une commande de la Biennale de danse de Lyon dont c'est alors la dernière édition pour son fondateur Guy Darmet. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui suggérera ce titre, telle une pirouette actée et symbolique à leurs départs respectifs.
En 2012 est créé le solo O Senseï, dansé par Catherine Diverrès. Il s'agit d'une commande du CDC-Les Hivernales, que la chorégraphe conçoit en hommage à Kasuo Ohno, mort en 2010. Ce solo constitue actuellement la seule pièce dansée par Catherine Diverrès. La dernière pièce à ce jour date de 2013 : Penthesilée, créée au Théâtre Anne de Bretagne, renoue avec le format de pièce de groupe, en réunissant sur scène une équipe de neuf danseurs.
Source : Alice Gervais-Ragu
Moisset, Gilles
Printemps (Le)
Chorégraphie : Catherine Diverrès
Interprétation : Luis Ayet, Thierry Baë, Fabienne Compet, Catherine Diverrès, Bernardo Montet, Rita Quaglia, Mitsuyo Uesugi
Scénographie : Gyula Pauer
Musique additionnelle : Vincenzo Bellini, Prokoviev, Eiji Nakasawa, musique traditionnelle polonaise
Conception vidéo : Théo Hernandez
Lumières : Pierre-Yves Lohier
Costumes : Cidalia Da Costa, Eva Mark
Durée : 25 minutes
Danse et musique
Le rapport entre musique et création chorégraphique se décline différemment selon les courants, selon les siècles.
Pourquoi je danse ?
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