Jours étranges
2016 - Réalisateur-rice : Labrosse, Sylvain
Chorégraphe(s) : Bagouet, Dominique (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Montpellier Danse
Jours étranges
2016 - Réalisateur-rice : Labrosse, Sylvain
Chorégraphe(s) : Bagouet, Dominique (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Montpellier Danse
Jours étranges, reprise 2016
Jours étranges, reprise 2016
« Mon ouvrage de partage du répertoire contemporain s’obstine dans un élan très simple. Celui de la mise au travail des danseurs par la pratique de leur métier afin de comprendre ce qu'une pièce nouvellement interprétée peut continuer à révéler d'elle-même.
Avec Jours étranges, il s'agit de proposer aux interprètes d'entrer dans une écriture chorégraphique précise, rigoureuse, et d'aborder aussi les jeux spécifiques à cette pièce pour l'invention du mouvement.
Ainsi dans cet échange, c'est également l'œuvre qui est mise au travail, fouillée par les interprètes, l’éclairagiste, le musicien et la costumière. Le public en est le témoin.
Jours étranges s'organise autour de cinq chansons des Doors, issues de l'album Strange Days, et met en jeux des situations chorégraphiques où Dominique Bagouet cherchait à désapprendre un certain savoir-faire qui lui collait à la peau. Il en est advenu des scènes burlesques et poétiques où la fragilité des êtres, suspendue comme un sort, ne quitte jamais le plateau. La structure en est précise et le contenu relatif à la qualité des danseurs.
Six femmes pour Jours étranges.
Je cherchais la distribution pour une version que je souhaitais portée par des artistes qui me manquent sur les scènes et qui sont par ailleurs des interprètes expérimentés.
Comme cela prenait sens, s'est imposée cette option de tester l'œuvre ainsi bouleversée par une interprétation exclusivement féminine.
Ainsi, au cœur de mon sujet sur la transmission, l'interprétation et l'actualisation d'une œuvre, et comme nous l'avons vérifié avec le groupe constitué d'adolescents en 2012, je crois que ce rassemblement de femmes donnera à son tour, une tonalité autre et particulière à ce Jours étranges. »
Catherine Legrand, juin 2016
Bagouet, Dominique
Angoulême, 9 juillet 1951 - Montpellier, 9 décembre 1992
Elève de Rosella Hightower à Cannes dès 1965, il reçoit un enseignement classique et trouve son premier engagement chez Alfonso Cata au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 1969. L'année suivante, il danse dans la compagnie de Félix Blaska puis entre aux Ballets du XXème siècle de Béjart à Bruxelles. L'expérience dure deux ans et se prolonge dans le groupe Chandra (où travaillait aussi Maguy Marin).
De retour à Paris en 1974, Dominique Bagouet prend des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss. Il danse aussi dans les compagnies de Joseph Russillo, Anne Béranger et Peter Goss. Il part quelques mois aux Etats-Unis où il découvre les techniques issues des écoles américaines, entre autres avec Jennifer Muller et Lar Lubovitch.
En 1976, à son retour en France, il présente sa première chorégraphie : « Chansons de nuit » au Concours de Bagnolet et remporte le premier prix avec mention « recherche ». Il fonde alors sa propre compagnie. Pour la faire vivre, il va enchaîner les créations à un rythme très soutenu qu'il déplore. Jusqu'en 1979, il crée quatorze pièces, parfois dans l'urgence et pas toujours de façon satisfaisante.
Avec « Sous la blafarde », le jeune chorégraphe commence à s'imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d'exister puisqu'il est invité à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Il créera d'ailleurs dans cette ville le Festival International Montpellier Danse qu'il dirigera jusqu'en 1982.
Dominique Bagouet va alors créer certaines des pièces les plus marquantes de la chorégraphie contemporaine française, d' « Insaisies »(1982) jusqu'à « Necesito, pièce pour Grenade » (1991), ultime commande réalisée pour célébrer le 500ème anniversaire de la ville espagnole.
Avec des pièces comme « Déserts d'amour » (1984), « Le Crawl de Lucien » (1985) ou « Assaï » (1986), Dominique Bagouet impose clairement sa personnalité et son style. Il compose le mouvement de très nombreux petits gestes (jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse...) sans aucun maniérisme et d'une redoutable précision.
Autre constante, le chorégraphe a toujours su s'entourer d'artistes au talent reconnu. Il y eut Tristan Murail pour«Déserts d'amour », Pascal Dusapin pour « Assaï », Christian Boltanski pour « Le Saut de l'ange » (1987), ou l'actrice Nelly Borgeaud pour le superbe « Meublé sommairement » (1989), adaptation chorégraphique d'un roman d'Emmanuel Bove.
Avec Charles Picq, il a réalisé deux films : « Tant mieux, tant mieux ! » (1983) et « Dix anges, portraits » (1988) d'après « Le Saut de l'ange ».
S'il y avait un style Bagouet, il résiderait également dans cette curiosité qui a marqué toute une génération.
En 1993, les danseurs de sa compagnie fondent Les Carnets Bagouet afin de préserver et transmettre le patrimoine artistique du chorégraphe. Ils proposent le répertoire à d'autres compagnies et de nombreuses écoles.
Source : Philippe Verrièle - Extrait de « 99 biographies pour comprendre la jeune danse française », Les Saisons de la danse-hors série été 97.
En savoir plus : www.lescarnetsbagouet.org
Labrosse, Sylvain
Directeur-programmateur des cinémas Escurial (Paris) et Cinéma du Palais (Créteil) de 1988 à 1993, Sylvain Labrosse est scénariste et réalisateur de courts et moyens métrages de fiction et de documentaire. Virage Nord, 1995, a été sélectionné à Cannes ainsi que dans une trentaine de festivals français et internationaux et est lauréat de la Fondation Beaumarchais. La fosse rouge, 2002, quant à lui, a été nominé aux Lutins du court-métrage, diffusé sur France 2 et a reçu la prime à la qualité du CNC. Il termine actuellement sur son tout premier long métrage de fiction, Frères d’arme.
En parallèle, il est également depuis 1998 directeur technique ou régisseur général pour de nombreuses compagnies de danse (Loïc Touzé, Latifa Laâbissi, Jennifer Lacey, Dominique Jégou, Claudia Triozzi, Compagnie Prana, etc…).
Les Carnets Bagouet
Les Carnets Bagouet sont nés du désir de donner la danse de Dominique Bagouet à d'autres danseurs et ont ainsi ouvert le champ du répertoire contemporain, notion devenue évidente aujourd'hui. Ce désir est toujours présent, différemment sans aucun doute, puisque les chemins parcourus depuis sont si variés. Mais l'expérience de ces artistes interprètes se place à d'autres endroits, sur d'autres territoires, sous d'autres formes, et le travail de transmission continue de s'accomplir.
« La disparition de Dominique Bagouet a posé avec brutalité le problème de la préservation et de la transmission d'un patrimoine chorégraphique marquant dans le domaine de la danse contemporaine. Des interprètes de Dominique appartenant à ce qui est sa dernière équipe mais d'autres aussi ayant quitté la Compagnie pour mener de nouvelles aventures se sont mis au travail. Ils veulent faire en sorte que soient conservées et transmises une œuvre et une pédagogie qui aujourd'hui vivent à travers eux. A cet effet ils ont créé une structure, Les Carnets Bagouet, qui fonctionnera sous forme d'association Loi 1901 et aura pour vocation de coordonner et de réaliser toutes les initiatives à prendre dans ce domaine. » dit le texte d'intention écrit en 1993.
Dans la confrontation à d'autres danseurs, commanditaires, structures, les choix de l'action ont imposé une discussion permanente des moyens, des méthodes, des objectifs. Les réponses se sont chaque fois situées dans le collectif, dans le partage et le débat, au sein de la cellule de réflexion bientôt nommée "conseil artistique". Accepter la diversité des avis, laisser s'exprimer la parole contradictoire, les remises en cause. Plus que cela, accepter que la contradiction ne soit pas résolue dans la parole. Faire l'expérience du temps, de la durée, reconnaître ce qui relève du deuil, pour trouver chacun sa distance propre.
Aujourd'hui, un regard sur ces vingt années révèle une réalité bien différente de celle qui était posée à l'origine. La multiplicité des réponses, des manières de faire, des supports, des formulations, fait qu'au lieu d'apparaître limité, le travail de mémoire s'ouvre. Au nombre prévisible et relativement clos de tâches se substitue le travail d'une ouverture vers de nouveaux projets.
L'objectif de conserver vivante la danse de Dominique Bagouet s'est dissout. La trace est vivante dans les danseurs, pour un temps. Nous savons que la danse de Dominique n'est plus. Le travail du sensible maintenu en éveil par la force de ce collectif découvre une nouvelle nécessité, à côté du travail sur le répertorie, celle de l'ouverture à d'autres regards, à d'autres pensées, celle de la confrontation, dans le travail de mémoire, à d'autres disciplines, à d'autres modes de réflexion, à d'autres modes d'action, à des personnes qui n'ont pas rencontré, elles-mêmes, Dominique Bagouet.
Sources : www.lescarnetsbagouet.org
En savoir plus : www.lescarnetsbagouet.org
Dernière mise à jour : octobre 2014
Jours étranges, reprise 2016
Direction artistique / Conception : Catherine Legrand
Chorégraphie : Dominique Bagouet (1990)
Interprétation : Magali Caillet, Lucie Collardeau, Katja Fleig, Elise Ladoué, Pénélope Parrau, Annabelle Pulcini
Scénographie : Laurent Gachet, adaptée par Vincent Gadras
Musique originale : The Doors : extraits de l'album Strange days
Lumières : Didier Martin
Costumes : Laure Fonvieille
Son : Thomas Poli
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Bonlieu Scène nationale Annecy Co-production : Théâtre National de Bretagne ; Le Triangle, cité de la danse à Rennes ; Le Théâtre/Scène nationale de Mâcon Val de Saône Avec le soutien de : Adami, Jacques et Martine Bagouet ; Collectif Danses Rennes Métropole Remerciements : Le Musée de la Danse pour le prêt de studio
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