Assaï
1987 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Bagouet, Dominique (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Montpellier Danse , Collection Bagouet
Assaï
1987 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Bagouet, Dominique (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Montpellier Danse , Collection Bagouet
Assaï
« Assaï » marque la première rencontre de Dominique Bagouet avec le compositeur Pascal Dusapin. Etape esthétique importante dans la trajectoire du chorégraphe, la pièce pourrait aussi bien s'appeler « concert de danse » ; un « concert » qui se caractérise, autant que la relation à la musique contemporaine, par l'omniprésence du silence, paradoxe d'une œuvre qui en compte d'ailleurs beaucoup d'autres.
D'un usage fréquent chez Bagouet, le silence est ici doublement signifiant. Il débarrasse la danse – et le regard sur la danse – de toute ornementation inutile et contribue, dans le même temps, à installer une théâtralité singulière. Un climat que Bagouet qualifia lui-même d'expressionniste, et qu'il accentua encore par son propre travail, en collaboration avec Christian Halkin, sur les lumières et les décors.
Les références au cinéma expressionniste et, plus généralement au cinéma muet des origines, abondent : « docteurs » inspirés de Caligari, créatures à la Musidora, jeunes filles en chemise façon Lilian Gish dans « Les Deux Orphelines », etc. Elles se mêlent à d'autres évocations puisées dans l'histoire de la danse (Nijinski et « Le Spectre de la rose ») et dans celle de l'art. Mais toutes ces références sont sciemment contrariées. Ainsi du « bal romantique », qui se déroule sur fond de musique spectrale et finit par s'exécuter à reculons. Métaphore d'une pièce insolite et d'un bout à l'autre impeccablement composée. Bagouet jongle ici avec sa propre culture, qu'il ne craindra pas de pulvériser dans l'étape suivante, celle du « Saut de l'ange ».
Entrant un peu plus dans le détail de la danse, les gros plans dont Charles Picq fait volontiers usage dans cette captation introduisent aussi un peu plus dans son mystère.
Source : Chantal Aubry in « Images de la culture n° 19 » – janvier 2005
Dernière mise à jour : décembre 2012
Bagouet, Dominique
Angoulême, 9 juillet 1951 - Montpellier, 9 décembre 1992
Elève de Rosella Hightower à Cannes dès 1965, il reçoit un enseignement classique et trouve son premier engagement chez Alfonso Cata au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 1969. L'année suivante, il danse dans la compagnie de Félix Blaska puis entre aux Ballets du XXème siècle de Béjart à Bruxelles. L'expérience dure deux ans et se prolonge dans le groupe Chandra (où travaillait aussi Maguy Marin).
De retour à Paris en 1974, Dominique Bagouet prend des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss. Il danse aussi dans les compagnies de Joseph Russillo, Anne Béranger et Peter Goss. Il part quelques mois aux Etats-Unis où il découvre les techniques issues des écoles américaines, entre autres avec Jennifer Muller et Lar Lubovitch.
En 1976, à son retour en France, il présente sa première chorégraphie : « Chansons de nuit » au Concours de Bagnolet et remporte le premier prix avec mention « recherche ». Il fonde alors sa propre compagnie. Pour la faire vivre, il va enchaîner les créations à un rythme très soutenu qu'il déplore. Jusqu'en 1979, il crée quatorze pièces, parfois dans l'urgence et pas toujours de façon satisfaisante.
Avec « Sous la blafarde », le jeune chorégraphe commence à s'imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d'exister puisqu'il est invité à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Il créera d'ailleurs dans cette ville le Festival International Montpellier Danse qu'il dirigera jusqu'en 1982.
Dominique Bagouet va alors créer certaines des pièces les plus marquantes de la chorégraphie contemporaine française, d' « Insaisies »(1982) jusqu'à « Necesito, pièce pour Grenade » (1991), ultime commande réalisée pour célébrer le 500ème anniversaire de la ville espagnole.
Avec des pièces comme « Déserts d'amour » (1984), « Le Crawl de Lucien » (1985) ou « Assaï » (1986), Dominique Bagouet impose clairement sa personnalité et son style. Il compose le mouvement de très nombreux petits gestes (jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse...) sans aucun maniérisme et d'une redoutable précision.
Autre constante, le chorégraphe a toujours su s'entourer d'artistes au talent reconnu. Il y eut Tristan Murail pour«Déserts d'amour », Pascal Dusapin pour « Assaï », Christian Boltanski pour « Le Saut de l'ange » (1987), ou l'actrice Nelly Borgeaud pour le superbe « Meublé sommairement » (1989), adaptation chorégraphique d'un roman d'Emmanuel Bove.
Avec Charles Picq, il a réalisé deux films : « Tant mieux, tant mieux ! » (1983) et « Dix anges, portraits » (1988) d'après « Le Saut de l'ange ».
S'il y avait un style Bagouet, il résiderait également dans cette curiosité qui a marqué toute une génération.
En 1993, les danseurs de sa compagnie fondent Les Carnets Bagouet afin de préserver et transmettre le patrimoine artistique du chorégraphe. Ils proposent le répertoire à d'autres compagnies et de nombreuses écoles.
Source : Philippe Verrièle - Extrait de « 99 biographies pour comprendre la jeune danse française », Les Saisons de la danse-hors série été 97.
En savoir plus : www.lescarnetsbagouet.org
Dusapin, Pascal
Pascal Dusapin
Né en 1955 à Nancy, il fait ses études d'arts plastiques et de sciences, arts et esthétique à l'Université de Paris-Sorbonne. Entre 1974 et 1978, il suit les séminaires de Iannis Xenakis. Il reçoit de très nombreuses distinctions dès le début de sa carrière de compositeur : en 1977, lauréat de la Fondation de la vocation ; en 1979, prix Hervé Dugardin (SACEM) ; en 1981, boursier de la Villa Médicis à Rome ; en 1993, Prix de l'Académie des Beaux-Arts et Prix du Syndicat de la Critique et compositeur en résidence à l'Orchestre National de Lyon. En 1994, il reçoit le Prix Symphonique de la SACEM ; en 1995, le Ministère de la Culture lui décerne le Grand Prix National de Musique ; enfin, la Victoire de la Musique 1998 lui est attribuée pour le disque gravé avec l'Orchestre National de Lyon, puis de nouveau en 2002, comme « compositeur de l'année ».
Il est l'auteur de nombreuses pièces pour ensemble, pour orchestre et surtout pour solistes et musique de chambre, domaine dans lequel il excelle grâce à une grande connaissance des subtilités instrumentales : le catalogue de Pascal Dusapin compte, à l'heure actuelle, environ 80 œuvres.
À l'automne 2002, ont été créés successivement " A quia ", concerto pour piano et orchestre et le cycle complet de ses " Sept études pour piano ".
Sources : www.lescarnetsbagouet.org
En savoir plus sur Pascal Dusapin
Picq, Charles
Auteur, réalisateur et vidéaste, Charles Picq (1952-2012) entre dans la vie professionnelle dans les années 70 par le théâtre et la photographie. Après une reprise d'études (Maîtrise de Linguistique - Lyon II, Maîtrise des Sciences et Techniques de la Communication - Grenoble III), il se consacre à la vidéo, d'abord dans le champ des arts plastiques à l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC) et avec le groupe "Frigo", puis dans celui de la danse.
Dès la création de la Maison de la Danse à Lyon en 1980, il est sollicité pour y entreprendre un travail de documentation vidéo qu'il poursuit toujours depuis. Durant les années 80, marquées en France par l'explosion de la danse contemporaine et le développement de l'image vidéo, il fait de nombreuses rencontres avec des artistes tels qu'Andy Degroat, Dominique Bagouet, Carolyn Carlson, Régine Chopinot, Susanne Linke, Joëlle Bouvier et Régis Obadia, Michel Kelemenis. Son activité se déploie dans le champ de la création avec des installations et des vidéos en scène, ainsi que dans celui de la télévision avec des spectacles filmés, des recréations et des documentaires. Avec Dominique Bagouet (80-90), la rencontre est particulière. Il documente sa création, l'assiste sur " Le Crawl de Lucien" et co-réalise avec lui les films "Tant Mieux, Tant Mieux" et "10 anges".
Dans les années 90, il devient le directeur du développement vidéo de la Maison de la danse et œuvre, avec le soutien de Guy Darmet et son équipe, pour une place grandissante de l'image vidéo au sein du théâtre à travers plusieurs initiatives :
• Il fonde une vidéothèque de films de danse, d'accès public et gratuit. C'est une première en France. Poursuivant la documentation vidéo des spectacles, il en organise la gestion et la conservation.
• Il impulse la création d'un vidéo-bar et d'une salle de projection vidéo dédiée à l'accueil scolaire.
• Il initie les "présentations de saisons" en image.
• Il conçoit l'édition du DVD "Le tour du monde en 80 danses", une vidéothèque de poche produite par la Maison de la Danse pour le secteur éducatif.
• Il lance la collection « Scènes d'écran » pour la télévision et le web, il entreprend la conversion numérique de la vidéothèque et crée Numeridanse.
Ses principaux documentaires sont : "Enchaînement", "Planète Bagouet", "Montpellier le Saut de l'Ange", "Carolyn Carlson, a woman of many faces", "Grand Ecart", "Mama Africa", "C'est pas facile", "Lyon, le pas de deux d'une ville", "Le Défilé", "Un Rêve de cirque".
Il a également réalisé des films de spectacle : "Song", "Vu d'Ici" (Carolyn Carlson),"Tant Mieux, Tant Mieux", "10 anges", "Necesito" et "So Schnell", (Dominique Bagouet), "Im bade wannen","Flut" et "Wandelung" ( Susanne Linke), "Le Cabaret Latin" (Karine Saporta), "La danse du temps"(Régine Chopinot), "Nuit Blanche"( Abou Lagraa), "Le Témoin" (Claude Brumachon), "Corps est Graphique" (Käfig), "Seule" et "WMD" (Françoise et Dominique Dupuy), " La Veillée des Abysses" (James Thiérrée), Agwa »(Mourad Merzouki), Fuenteovejuna (Antonio Gadès), Blue Lady revisted (Carolyn Carlson)…
Source : Maison de la Danse de Lyon
Compagnie Bagouet
Dominique Bagouet crée La Compagnie Dominique Bagouet en 1977, avec quelques amis danseurs, peu après avoir obtenu le 1er prix du Concours chorégraphique de Bagnolet avec sa première pièce « Chansons de nuit ». Les premières saisons sont difficiles, sans réel espace de travail à Paris, mais néanmoins avec quelques commandes de pièces courtes. La Compagnie Bagouet s'installe à Montpellier en 1979, à l'invitation de Georges Frêche, maire de cette ville, et devient Centre chorégraphique régional en 1980.
C'est en 1984 que Dominique Bagouet crée « Déserts d'amour », qui va faire connaître la compagnie au niveau international. Le travail de création se développe continuellement avec de nombreuses œuvres présentées chaque année au Festival International Montpellier Danse.
Dominique Bagouet laisse à plusieurs reprises son équipe du Centre chorégraphique (devenu national en 1984) aux mains de chorégraphes invités : Susan Buirge, Trisha Brown, mais aussi de ses propres danseurs pour y faire leurs débuts de chorégraphes : Michel Kelemenis, Bernard Glandier ou encore Olivia Grandville, Hélène Cathala et Fabrice Ramalingom.
En 1990, après 10 ans de présence à Montpellier, et un succès avéré auprès du public, Dominique Bagouet réclame un meilleur outil de travail et envisage l'aménagement du Couvent des Ursulines pour développer plusieurs axes : création, répertoire, pédagogie et résidences d'artistes invités. Malheureusement la maladie l'emporte et ce projet ne verra le jour qu'après sa mort.
Les danseurs de sa dernière équipe décident de ne pas poursuivre la Compagnie Bagouet mais créent l'association Les Carnets Bagouet en 1993 pour accomplir la transmission de son œuvre.
Sources : www.lescarnetsbagouet.org
Dernière mise à jour : novembre 2012
Assaï
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Christian Bourigault, Claire Chancé, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Michel Kelemenis, Catherine Legrand, Dominique Noel, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Scénographie : Dominique Bagouet et Christian Halkin
Musique originale : Pascal Dusapin
Conception vidéo : Charles Picq - Spectacle filmé en janvier 1987 au Cratère, théâtre d'Alès
Lumières : Dominique Bagouet et Laurent Matignon
Costumes : Dominique Bagouet et Dominique Fabrègue
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Les Carnets Bagouet
Durée : 23 minutes
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