Jeff Ridjali réalise  un travail de recherche chorégraphique sur la singularité de son île Mayotte qui est située dans l’archipel des Comores. Cette pièce est un travail en cours de création. Il  conçoit le  solo Territoires en le questionnant au pluriel.

Dans cette étape de travail, le territoire s’appréhende sous deux aspects. Il est présent dans les matériaux qui pourraient représenter Mayotte mais aussi  dans l’univers intime du chorégraphe qu’il projette dans sa danse. Jeff Ridjali transpose son île dans l’espace scénique : les « baliés », (balais de maison réalisé avec des nervures de feuilles de cocotiers), une « sézi » (natte en vacoas tressées pour se reposer), de la  musique traditionnelle et des sonorités de la nature recrées telles que les fonds marins qui définissent l’espace dans lequel le danseur évolue.

A travers le solo improvisé,  la part d’intuition de l’interprète définit un rapport à l’espace sur la découverte d’autres matières, à l’image d’un  territoire qui se chercherait.

Il  évolue dans sa scénographie et d’une représentation à l’autre, le chorégraphe ajoute, retire ou modifie les objets qui l’accompagnent sur scène. Ils délimitent ainsi un espace pour le danseur mais aussi ils constituent des obstacles pour celui-ci. Le danseur progresse à l’image de la société mahoraise telle quelle est perçue par le chorégraphe: entre tabous et interdits. Le pas à pas sur place ancre le déplacement dans le sol à l’image des esclaves aux pieds enchaînés et revisitent l’histoire mahoraise.

L’approche de cette thématique par le mouvement puise dans les possibilités offertes par la calligraphie de l’alphabet arabe enseignée à Mayotte : écrire, dessiner, tracer sont une mise en mouvement d’une partie du corps. Il propose une transcription de cette calligraphie des mouvements improvisés, lents, …qui occupent tout l’espace scénique au travers de son corps.

Jeff Ridjali est un chorégraphe né à Tsingoni à Mayotte (archipel des Comores dans l’océan Indien). En 1987, il se rend à Paris pour approfondir son apprentissage de la danse et est marqué par l’émergence de styles venus des Etats-Unis, ramenés en France par les artistes guadeloupéens, martiniquais, caraïbéens. Il recevra une bourse de formation pour l’Ecole Nationale Supérieure de Danse de Marseille. Il y découvre les techniques allemandes de Karine Weiner, mais aussi de Roland Petit et de Vaganova. 

Il rencontre Isabelle Camatte avec laquelle il fonde l’école Kashdance à Marseille. Puis ils créent la compagnie Urban Concept, composée d’élèves de son école. En 2001, il part suivre l’enseignement de la Alvin Ailey School où il va aborder les techniques Horton, Graham ou encore Simonson. Cette expérience marque le début de la recherche de son écriture chorégraphique autour de la question de l’identité très présente dans la réflexion artistique américaine à partir de laquelle  il questionne sa propre écriture. 

De retour sur son île en 2005, il fonde le « Ballet de Mayotte » en collaboration avec Isabelle Camatte. Le Ballet de Mayotte se veut être un dispositif de valorisation de la danse sur le territoire mahorais : il met en place des outils de sensibilisation et de formation du public. Une programmation évènementielle s’édifie autour de ce dispositif : Les Journées de la Danse et Les Rencontres régionales de la Danse contemporaine : Maoré Danse, qui est une biennale réunissant des artistes internationaux. En 2007, la compagnie Jeff Ridjali devient la première compagnie conventionnée de l’île. 

Lalanbik est fondé en 2014 à l'Ile de La Réunion. La structure contribue à la valorisation des acteurs et des écritures chorégraphiques des territoires de l'Océan Indien. Lalanbik met en œuvre des outils de ressources en ligne : l'un, son site internet, concerne l'actualité  Danse Océan Indien et l'autre, sa vidéothèque, apporte des contenus sur les écritures des Danses traditionnelles ou contemporaines. Lalanbik travaille en partenariat pour mener ses actions en faveur de l'élargissement des publics : médiathèques, salles de diffusion,  compagnies chorégraphiques, écoles de danses, établissements scolaires et d'enseignement supérieur.

En savoir plus : www.lalanbik.org