Danses de mains
2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien
Chorégraphe(s) : De Mey, Michèle Anne (Belgium) De Mey, Thierry (Belgium) Cleary, Suzanne Harding, Peter Chaplin, Charlie (United Kingdom) Merzouki, Mourad (France) Decouflé, Philippe (France) Shivalingappa, Shantala (India) Amagatsu, Ushio (Japan) Nair, Savitry (India)
Musique de tables
De Mey, Thierry (Belgium)
1998 - Réalisateur-rice : De Mey, Thierry
Chorégraphe(s) : De Mey, Thierry (Belgium)
Producteur vidéo : Sophimages
Folk you
Folk you (United Kingdom)
2013 - Réalisateur-rice : Reed, Jonny
Solo (excerpt from Namasya)
Shivalingappa, Shantala (France)
2008 - Réalisateur-rice : Picq, Charles
Chorégraphe(s) : Shivalingappa, Shantala (India)
Producteur vidéo : Maison de la Danse
Kiss & Cry
De Mey, Michèle Anne (Belgium)
2012 - Réalisateur-rice : Van Dormael, Jaco
Chorégraphe(s) : De Mey, Michèle Anne (Belgium)
Producteur vidéo : Charleroi Danses ; le manège.mons
Danses de mains
2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien
Chorégraphe(s) : De Mey, Michèle Anne (Belgium) De Mey, Thierry (Belgium) Cleary, Suzanne Harding, Peter Chaplin, Charlie (United Kingdom) Merzouki, Mourad (France) Decouflé, Philippe (France) Shivalingappa, Shantala (India) Amagatsu, Ushio (Japan) Nair, Savitry (India)
Auteur : Julie Charrier
Découvrir
Pourquoi les danses de mains nous font-elles rire ou sourire et pourquoi sont-elles souvent rythmiques et sonores ?
Peut-être parce qu’elles ressemblent soudain à nos pieds, que les choses semblent chamboulées et deviennent alors poétiques, sensibles, fragiles.
Les mains dansantes nous ramèneraient-elles à l’enfance là où l’imaginaire, la fantaisie personnelle rendent toutes les histoires possibles ?
Pattes, nageoires, ailes ou mains, de tous les mammifères, seuls les hommes et les primates ont des mains.
Avec leurs 5 doigts, leurs 27 os, leurs innombrables muscles et leurs lignes de vie, les mains saisissent, manipulent, comptent, prient, caressent, accompagnent la parole allant même jusqu’à la remplacer avec la langue des signes.
Dans l’imaginaire collectif, les mains jouent de la musique à deux et même parfois à quatre mains et les pieds dansent.
Pourtant, les mains sont elles aussi capables de mener la danse et de monter sur les tables en guise de parquet.
Description
1. Le rythme
Musiques de tables – Thierry De Mey
Pour cette création, interprétée par 3 percussionnistes et leurs 6 mains jouant sur une table face public, Thierry de Mey note un lexique de différentes figures permettant une variété de sonorités assurées par les différents modes de frappe : le plat, le revers, le tranchant, le poing, la chiquenaude, le bord, les pointes, la pierre.
Ce qui étonne c’est le contraste entre le stoïcisme des interprètes et la variation de leurs mains d’une précision impressionnante. Ici, les mains deviennent de véritables instruments et créent une danse de sons et de gestes.
Qu’il se situe du côté de la danse ou de la musique, Thierry de Mey est d’abord et toujours en quête de mouvement.
Jean-Marc Adolphe parle de « musique-mouvement » pour définir le travail de Thierry de Mey, on parle aussi de musiques-chorégraphies.
Avec Light music, il met en scène un chef d’orchestre sans orchestre, un percussionniste sans percussion, qui peut avec ses mains « déclencher des sons ou des séquences musicales, les manipuler dans le temps ou dans l’espace, les mettre en boucle, les déchirer, les faire résonner. » Seules les mains sont mises en lumière ainsi que les traces blanches qu’elles produisent projetées sur un écran géant placé derrière le danseur-musicien. Les mouvements du performeur vibrent alors de sons et d’images.
Folk you - Collectif Up & Over it
Suzanne Cleary et Peter Harding se présentent comme des « hand dancers » des danseurs de mains. Interprètes époustouflants de danse irlandaise, ils ont choisi leurs mains pour représenter cette danse où seuls pieds et jambes sont traditionnellement sollicités. Ils ont produit une série de films hilarants proposant ainsi un nouveau visage à leur danse, celui d’une danse irlandaise décalée…
Ils souhaitent ainsi la sortir des grands galas et championnats internationaux attendus et formatés et revenir au plaisir, à la facétie et à la quintessence du rythme initial.
Cette danse traditionnelle qui a migré aux Etats-Unis dans les valises des milliers d’irlandais a eu sa part d’influence dans les danses de music-hall et de comédies musicales qui se sont développées au XXème siècle et en particulier les claquettes, la « tap dance ».
2. L’enfance, la nostalgie
« Les petits pains » extrait de La Ruée vers l’or – Charlie Chaplin
Personne ne peut résister à cette danse interprétée par Charlot au bout d’une table de restaurant avec deux fourchettes et deux petits pains. Il est à la fois manipulateur de marionnettes et danseur, il joue du contraste entre ses mains et les expressions de son visage. Dès que la danse et la musique démarrent, les petits pains deviennent personnages et notre empathie de spectateurs est immédiate, renforcée par celle des spectatrices assises autour de Charlot dont nous sommes témoins.
Charlot ose jouer comme un enfant et se prendre à croire à ses petits pains danseurs, il nous embraque ainsi dans sa fantaisie personnelle, dans son monde imaginaire.
Agwa – Mourad Merzouki
Forcément on a encore les petits pains de Charlot en tête.
La force du dernier tableau de cette chorégraphie réside dans la délicatesse, la douceur et l’attention que ces danseurs de hip hop, le plus souvent sur leurs pieds, dans la vitesse et dans la virtuosité, portent à leur mains.
En écho à l’eau dont cette pièce s’inspire, les mains nous renvoient alors à la poésie et la fragilité des interprètes.
Le P’tit bal – Philippe Decouflé
Philippe Decouflé s’est toujours intéressé aux signes, mouvements ou dessins, qui pourraient instantanément, de par leur simple vision nous évoquer un souvenir, provoquer une émotion. Les images et leur démultiplication l’ont toujours fasciné.
Sur une chanson de Bourvil, évidemment nostalgique, Philippe Decouflé et Pascale Houbin font danser les signes et les accessoires avec leurs mains. Ils nous proposent non pas des jeux de mots mais des jeux de mains, des clins d’œil visuels et gestuels qui nous font fondre de poésie, jubiler par la justesse et la précision de leur interprétation, sourire de leur tendre impertinence.
Une table plantée devant un champ de blé, quatre mains et les cheveux dans le vent, il construit un paysage universel, simple et à la fois merveilleux.
A la question : « La partie de votre corps qui vous inspire le plus et danse en premier chez vous », il répond : « Les mains »[1].
Kiss & cry – Michèle Anne De Mey
Un spectacle entier joué par des mains et leurs doigts accompagnés d’un ballet de techniciens, de caméras et d’accessoires.
C’est le pari qu’ont fait Jaco Van Dormael, le cinéaste et Michèle Anne de Mey, la chorégraphe, ils parlent de “nanodanses”. Comme deux enfants, ils construisent et filment à vue un monde en miniature où les histoires, projetées en direct sur grand écran, sont racontées par les mains et les doigts des danseurs.
Les mains aiment, dansent, voyagent, se lovent, escaladent, parcourent des mondes, retracent une vie.
C’est une histoire de mémoire où les souvenirs se reconstruisent sous nos yeux ébahis d’enfants et où le nano monde se fait miroir de notre monde à la fois infiniment grand et infiniment petit.
Namasya – Shantala Shivalingappa
Dans les différentes danses traditionnelles indiennes, les mains ont un rôle très codifié, souvent narratif et issu d’un art millénaire sacré.
Dans l’Odissi, l’une de ces danses, il existe 67 positions de mains. Très ornementées, elles sont porteuses de la mélodie comme les pieds sont porteurs du rythme.
Danseuse de kuchipundi, Shantala Shivalingappa transpose ses connaissances de danse traditionnelle vers le contemporain.
Dans Namasya, elle propose 4 soli chorégraphiés avec la complicité de Ushio Amagatsu, Pina Bausch et sa mère Savitry Nair. Dans chacun des solos, elle rend compte du rôle primordial des mains en les mettant en avant comme moteurs de la danse. Déterminées, fortes, graves, légères, subtiles et gracieuses, ses mains mènent la danse entraînant le reste de son corps.
[1] Panorama de la danse contemporaine, Rosita Boisseau, Textuel, 2008, page 160
Approfondir
Ouvrage
PEJU, Pierre. Enfance obscure. Paris : Gallimard, impr. 2011. 371 p. (Haute enfance).
Article de périodique
PLOUVIER, Jean-Luc (dir.), ADOLPHE, Jean-Marc, IMBAULT, Charlotte. « Thierry de Mey », in Mouvement, n°59, 2011, p. 8.
Site internet de compagnie de danse
Up and Overt It / Suzanne Cleary & Peter Harding [en ligne]. Up and Overt It, dernière mise à jour 2017. Disponible sur : http://upandoverit.com/
Auteur
Après des années en danse-études, au Conservatoire d’Avignon, puis au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, Julie Charrier s’oriente vers la production de films documentaires et de captations de spectacles vivants principalement centrés autour de la danse contemporaine pour de nombreuses sociétés de production. Comme conseillère, puis éditorialiste, elle participe à la naissance et au développement de Numeridanse.tv. Elle coordonne pour l’ACCN et le Ministère de la Culture, délégation à la danse, la numérisation du patrimoine chorégraphique français. Elle assure la direction artistique et la production de la collection à 360 "Histoires d'espaces" qui interroge les nouvelles pistes que la réalité virtuelle offre au spectacle vivant.
Générique
Sélection des extraits
Julie Charrier
Texte
Julie Charrier
Production
Maison de la Danse
Le Parcours « Danses de mains » a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI)