Quel rapport entretiennent les danseurs avec le sol ? Selon l’expérience, le style de danse, l’équipement, ce rapport évolue, s’adapte, se décline. Dans cette exposition imaginée avec notre partenaire Harlequin Floors, vous pourrez découvrir le lien si particulier entre les artistes et leur rapport au sol de danse.
 

Cette série de vidéos vous permettra de rencontrer différents artistes et directeur.rices d’institutions culturelles qui tâcheront de mettre des mots sur ce rapport à la fois si concret, mais aussi si abstrait qu’est celui au sol. Car le rapport au sol présente cette dualité : être bien ancré dans la terre pour mieux se propulser et se hisser dans les airs.
 

Avec une expérience en tant que danseur, chorégraphe, puis directeur de structure, le rapport au sol de Tiago Guedes a évolué au fil de sa carrière. Après l’avoir lui-même expérimenté, le rapport au sol a aujourd’hui un double sens pour lui : il s’agit bien sûr des plateaux de danse, mais aussi de l’ancrage au sol et au territoire. 

Aujourd’hui, dans son rôle de directeur de la Maison de la danse, il lui est important de proposer un sol adapté à tous les différents types de danse pour répondre aux besoins des artistes, et de travailler autour des caractéristiques techniques et matérielles de chaque sol. Le sol prend ainsi part entière dans une pièce, en devenant par exemple un élément de scénographie.

Dans la danse de Thierry Malandain, le sol est un appui, un partenaire sur lequel s’appuyer pour mieux s’élever. Mais au-delà de cette capacité d’élévation, le sol a avant tout son importance et son impact sur la santé du danseur. 

Le lien entre sol et santé est nécessairement évoqué dans le travail du Malandain Ballet Biarritz, notamment dans l’effort quotidien demandé aux danseurs.ses. Selon la danseuse Claire Lonchampt, la longévité de la carrière d’un.e danseur.se va se jouer sur la qualité du sol, qui permet de prévenir les micro-blessures et qui préserve les articulations. C’est fort de ce besoin de correspondre aux attentes des danseurs.ses que les sols et tapis de danse ont évolué ces dernières années. 

Le rapport entre le sol et l’artiste, c’est également un travail d’adaptation. Pour Martin Harriague, le danseur doit apprendre à adapter son corps au sol, dépasser le stade où le sol est considéré uniquement comme un support rigide. L’imagination vient s’y ancrer pour voir autre chose et aller au-delà de l’aspect matériel.

Un bon sol va ainsi indéniablement faciliter ce travail d’adaptation et permettre aux danseurs.ses d’évoluer sur le plateau. Les danseurs.ses étant plus à l’aise sur le sol, ils.elles peuvent y puiser cette force pour mieux se propulser et performer durant une représentation.

Lorsque l’on soulève la question du rapport au sol dans la danse, il paraît nécessaire de l’aborder sous le prisme du flamenco. Instrumentalisé dans cette pratique, le sol devient le partenaire principal et le fil rouge d’une représentation. 

Pour la bailaora Rocío Molina, la relation au sol évolue selon l’état physique du danseur : des préférences se dessinent au fil du temps, selon l’expérience acquise et l’effet recherché. En effet, la matière du sol a une incidence sur l’énergie insufflée par le danseur et sur la technique adoptée. 

Rocío Molina évoque enfin une énergie qui circule entre le danseur et le sol : le sol reçoit l’énergie et la répercute en retour. La frappe de la bailaora est alors pleine de nuances.

Enfin, le rapport au sol pour les danseurs en début de carrière est essentiel pour établir un lien de confiance. Tout au long de leurs études, les étudiants du jeune ballet du Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon apprennent à reconnaître l’importance du sol, puis à l’appréhender comme un partenaire qui leur permet de prendre des risques une fois apprivoisé.

C’est ce sol qui impulse la dynamique au groupe, qui leur permet de glisser, tourner, se propulser. Une fois le rapport de confiance trouvé dans leurs pratiques, les danseurs.ses peuvent se laisser aller et se concentrer pleinement sur leur performance.

Le sol est un élément à part entière dans la danse et dans l’expérience des danseurs.ses. Il est un point d’ancrage à partir duquel ils.elles se propulsent, ils.elles s’inspirent. Il est un partenaire à maîtriser, garant de la santé du.de la danseur.se et de la pérennité de sa carrière. Partie intégrante de la scénographie, il est décliné de multiples façons et accompagne les danseurs.ses dans leur performance. Le rapport au sol est bien essentiel dans la danse. Il a évolué au fil des années et son importance est d’autant plus reconnue aujourd’hui dans la question de la santé des danseurs.ses.