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Danses traditionnelles du Bénin

Donner un coup de projecteur sur les danses traditionnelles du Bénin : c’est ce que proposent les étudiants de l’INMAAC, l’Institut National des Métiers d’Art, d’Archéologie et de la Culture de l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin, en collaboration avec Jaï Production. 

Ils ont sélectionné six danses parmi le riche patrimoine chorégraphique béninois, réparties en trois catégories. Ils ont réalisé des démonstrations et apporté leur expertise pour décrire et expliquer ces danses qui imprègnent au quotidien la vie sociale et culturelle du Bénin, comme en témoignent les clips vidéos dans lesquels la danse traditionnelle est convoquée en arrière plan. Ou encore, les créations de chorégraphes contemporains. C’est l’occasion de découvrir aussi la scène artistique béninoise !

Danses cérémonielles de cour

 Le Zinli, autrefois connu sous le nom d'Avi-Zinli, est un rythme funéraire originaire du plateau d'Abomey, créé par le Prince Gbinyin, futur roi Glèlé (1858-1889), à l’occasion des funérailles d'un ami de son père, le roi Guézo. Il se joue sur un tambour vase, qui a donné son nom au rythme Zinli, accompagné de gongs, hochets, claquements de mains et soutenus par des chants. La danse, comme le montre ici Orphé Azifan, exige une grande souplesse et mobilité dans le haut du corps. La variation des pas sur place répond aux différentes phrases exécutées par le percussionniste principal. 

Démonstration de Zinlin


Longtemps réservé à sa fonction initiale funèbre, le Zinli s’est très largement popularisé à partir des années 1980 grâce à l’artiste Alèkpéhanhou (Michel Loukou à l’Etat civil), considéré comme « le roi du Zinli rénové ».

Clip : Le roi Alèkpéhanhou

Quand le rythme change, le pas de danse change aussi – 

proverbe Fon

Dans Sans regard, une pièce créée en 2011 lors de « Dansons Maintenant ! », une manifestation conçue par la Fondation Zinsou, le chorégraphe Marcel Gbeffa investit une place publique de Cotonou. Les neuf danseurs surgissent de derrière des containers sur lesquels sont accrochés, en grand format, des portraits signés du photographe Antoine Tempé. Le corps enduit de poudre de kaolin, ils effectuent en les ralentissant les mouvements du Zinli, donnant ainsi forme à de curieux personnages qui surprennent les spectateurs ! S’ensuit un solo du chorégraphe qui, dans son travail, explore la part animale de l’individu.  

Sans regard

Extraits

Jaï Production 2011 - Réalisateur-rice : Fondation Zinsou

Chorégraphe(s) : Gbeffa, Marcel (Benin)

Le Zandrô est un rythme d’intégration destiné à favoriser la socialisation. Jadis sacré, il facilite le rassemblement des communautés et le renforcement des valeurs auxquelles la société est attachée. Sa résonance, surtout lors des rituels, attire les fils et filles du terroir de tous les villages apparentés, traduisant ainsi le sens d’appartenance au groupe social culturel. Cette danse consiste à faire des pas sur le côté,  suivis de quelques mouvements de bras.  Dès que l’intensité du rythme augmente, le danseur s’abaisse en déployant plus d’énergie. 

Démonstration de Zandrô

Groupe musical de chanteurs, percussionnistes et danseurs voués à la promotion des valeurs culturelles béninoises, les frères Guèdèhounguè ont remporté en 2012 le prix du Meilleur groupe traditionnel aux Koras Awards, équivalent africain des Victoires de la musique en France ou des Grammy Awards aux Etats-Unis. Dans ce clip, ils interprètent la danse Zandrô

Clip : Les frères Guèdèhounguè

Danses de masques

La culture du Bénin n'est pas que orale. Elle est soutenue par une multitude d'objets comme les masques qui sont régis au sein de sociétés, au caractère parfois secret, auxquels sont associés rythmes et danses.  

Originaire de l’aire culturelle Yoruba Nago, en particulier de la ville de Kétou, les masques Guèlèdè représentent des femmes vêtues de beaux accoutrements et de tenues brillantes. Ils sont portés uniquement par des hommes. Jadis, la danse Guèlèdè s’effectuait sur la place du village, à la fin des récoltes ou lors d’évènements importants tels que les naissances, les décès, les sécheresses ou les épidémies. Elle avait pour mission de régler les problèmes existentiels : stérilité, folie, maladie grave, mort ainsi que les litiges familiaux. Chaque masque à une signification et d’une région à une autre, les accoutrements changent. Aujourd’hui dansé en maintes occasions, le Guèlèdè est inscrit sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. 

Le Guèlèdè est accompagné du rythme bolodjo. Il peut se danser avec ou sans masque, comme dans cette démonstration faite par Orphé Azifan. La danse implique un mouvement au niveau des épaules et est accompagnée par une rythmique exprimée par le mouvement des pieds. Elle nécessite également un mouvement au niveau de la hanche.

Démonstration de Guèlèdè

Grande vedette de la chanson béninoise, Zeynab prend pour décor de son clip une cérémonie de Guèlèdè. Un groupe de femmes chantent et dansent dans le but d’encourager et d’accompagner les danseurs masqués.

Clip : Zeynab


Egungun (ou Kouvitô en langue Fon, qui signifie « revenant ») est une société secrète de masques. Ceux-ci représentent les êtres chers décédés qui reviennent se manifester auprès des vivants. Les revenants sortent du couvent à l’occasion de cérémonies, dont la dernière partie, très spectaculaire, est publique. Effectuée sans masque par des non initiés, comme dans cette démonstration d’Orphé Azifan, la danse s’appelle Ogbon. Très énergique, elle exige une grande habilité, et notamment une maîtrise dans le placement du pied, afin d’éviter la chute. Elle s’exécute tantôt debout, tantôt accroupi. 

Démonstration d’Ogbon


Ce clip de Sessimè, autre grande vedette de la musique au Bénin, entrecoupe des séquences de danse Ogbon. Le rythme, également appelé Ogbon se joue avec un petit tambour, celui qui est présenté à la chanteuse, et que l’on entend au début du clip. Surnommé « tambour qui parle » (talking drum), il se joue avec la main, en étant assis ou en mettant un pied sur un support. La phrase « nye we do gbon é na xo wé » répétée par l’artiste et qui signifie : « je joue de l’Ogbon et cela va te faire de l’effet » suggère la force d’impact de ce rythme.

Clip : Sessimè


Autre talking drum : le Gangan, que l’on voit dans ce clip du chanteur Aloké, Serge Adilehou de son vrai nom. Dans le contexte de cérémonie de Egungun (ou Kouvitô), dont on voit ici les différents moments : sortie du couvent, bénédiction des prêtres, consultation du Fa (art de la divination), il est de taille plus grande que Ogbon et se joue avec une baguette recourbée, en se déplaçant. Se succèdent plusieurs types de masques, aux couleurs chatoyantes, associé chacun à une modalité de décès (mort violente, mort âgée, mort de jumeau…). Interagissant dans une forme de dialogue avec le chanteur, le tambour incite les âmes des disparus à danser, avec une fougue grandissante allant jusqu’à bousculer le public, dans un sens du débordement qui ponctue toutes les cérémonies d’Egungun. 

Clip : Aloké


Cette énergie du débordement, du désordre conclut également le spectacle Chaos Elégant. C’est la même ambiance que le chorégraphe béninois Arouna Guindo a voulu porter sur scène en l’associant à celle survoltée des cypher hip hop. Ici, point de masque : les danseurs revêtent la chemise jaune des Zemidjan, ces taxis motos qui sillonnent la capitale béninoise. Dans cette séquence, le premier danseur, Horace Yehouenou mélange la danse Ogbon à différentes danses urbaines notamment le voguing et les danses afro. Quant au second, Hariel Dossou, il imite les pas et mouvements de Adé, l’un des masques Egungun qui, de manière spectaculaire, fait tourner sa cape autour de lui.

Chaos Elégant

(Extrait)

Jaï Production 2021 - Réalisateur-rice : Medagbe, Symon

Chorégraphe(s) : Guindo, Arouna (Benin)

Danses de réjouissance

Comme le Zinli et le Guèlèdè, ainsi que beaucoup d’autres danses traditionnelles béninoises, le kaka était une danse rituelle avant de revêtir un caractère festif. Tout en dansant, le danseur de kaka frappe un morceau de bambou avec une baguette, produisant un son appelé « kaka » qui donne également son nom à l’instrument et à la danse. Celle-ci est pratiquée dans la région de l’Ouémé, près de la frontière sud du Nigéria, notamment à Porto Novo et Sèmè-Kpodji. Elle combine mouvements de bras, d’épaules et de pieds, des tours, et oblige le danseur à s’abaisser. Elle peut se danser en groupe, en binôme ou individuellement.

Démonstration de kaka


Surnommé l’homme orchestre en raison de sa maîtrise de nombreux instruments et percussions, Sagbohan Danialou est l’un des monuments vivants de la musique traditionnelle béninoise. A plus de soixante-dix ans, il continue de se produire au Bénin et sur les scènes internationales avec un répertoire de morceaux d’anthologie. Dans celui-ci, il évoque l’esclavage qui a profondément marqué l’histoire du Bénin, anciennement Royaume du Danxomé. 

Clip : Sagbohan Danialou


A la différence de nombreuses autres danses du Bénin, d’origine funéraire ou sacrée, le Massè Gohoun est d’abord une danse de réjouissance. Elle est pratiquée par les populations d'Avrankou, une commune de l’Ouémé située à quelques Kilomètres de la capitale Porto-Novo. Particulièrement énergique et endurante, elle s'inspire des scènes de la vie quotidienne : manger, se quereller, s'amuser, travailler, prendre le temps de savourer la vie. Dans une posture légèrement courbée, le danseur essaye de faire trembler ses épaules tout en suivant l’intensité du rythme.   

Le Massè Gohoun est joué les weekends à l'occasion des festivités appelées « Agô » qui accompagnent différentes cérémonies. Le tambour qui l’accompagne s’appelle le Gohoun.

Démonstration de Massè Gohoun

Quand on a invité tout un orchestre, on se plaint pas du bruit. 

- Proverbe Fon

Dossou Lètriki est le nom de scène de Migbogohin Assogba Dossou. Elève de Yedenou Adjahoui, le roi du rythme Massè Gohoun qui fit connaître cette danse dans tout le Bénin, il devint l’héritier du genre à la mort du maître, en 1995. Figure de la musique traditionnelle béninoise, il décède en 2010. Ce clip lui rend hommage.

Clip: Dossou Lètriki

Découvrez d’autres danses du Bénin avec Orphée Georgah Ahehehinnou

Etudiants de l’INMAAC : chefs de projet : Prince Ahossi, Orphé Azifan, Florida Mama. 

Démonstration de danse : Orphé Azifan, Airy Solimé, Laurence Mito-Baba. Réalisation vidéo : Prince Ahossi. 

Et Léodette Gbetoho, Dagenar Codo, Corine Amoussou, Allégria Agossou, Julienne Fassinou, Jaurès Menouho, Bienvenu Fanou-Ahé, Parfait Lokossougbo, Paul Djossou, Dostado Agbozo, Jérôme Singbo. 

Avec le soutien et les encouragements de Dr Rose Akakpo, cheffe du département de Musique et Art dramatique de l’INMAAC, autrice dramatique et enseignant-chercheur. 

Crédit photo : Annie Plagnard

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