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Les Biches

Ce ballet en un acte chorégraphié par Bronislava Nijinska dans un décor et des costumes de Marie Laurencin fut créé le 6 janvier 1924 par les Ballets russes à l'Opéra de Monte-Carlo. Sans intrigue particulière, il réunissait  quelques jeunes femmes sophistiquées et trois jeunes hommes dans une vaste pièce blanche inondée par le soleil  pour un marivaudage distingué et plein d'ironie. Apparaissait Vera Nemtchinova dans le rôle de la belle inconnue, Bronislava Nijinska dans celui de l'hôtesse, puis deux jeunes filles célébrant la douceur du mois de mai.

En 1923, rien ne pouvait ravir davantage Francis Poulenc, grand admirateur des Ballets russes, que cette commande de Serge Diaghilev. Celui-ci suggéra d'écrire un ballet d'atmosphère, une sorte de Sylphides modernes. « J'eus l'idée, dit le compositeur, de ces fêtes galantes où l'on pouvait comme dans certains tableaux de Watteau, ne rien voir ou imaginer le pire ».

Les Biches sont le ballet du plaisir – plaisir où l'on prolonge une interminable enfance.  Un joyeux tumulte, "une  folle prospérité au bord d'un précipice" écrit Maurice Sachs, puisque sans le savoir, les Années Folles dansent sur un volcan.

Ce contexte historique, le souhait initial de Diaghilev, et la chorégraphie même de Nijinska ont été autant d'informations pour aborder cette relecture. Mais, c'est aussi un élément des costumes dessinés par Marie Laurencin qui m'a ouvert la voie. Ces Biches, comme des oiseaux de paradis, sont parées de plumes. Ce détail vestimentaire permet de renouer avec la suggestion de Diaghilev, car des plumes ornent également les ailes des Sylphides. La vaste pièce blanche peut alors se remplir d'un ciel où évoluent des êtres célestes. A la porte de ce paradis, comme surgissant du passé, apparaissent dans la chorégraphie originale de Nijinska : une belle inconnue, l'hôtesse, puis deux jeunes filles célébrant la douceur du mois de mai.

Thierry Malandain

Malandain, Thierry

Thierry Malandain, né le 13 avril 1959 à  Petit-Quevilly, a suivi le parcours naturel du danseur classique, mais  avec un goût marqué pour les marges et une ténacité hors du commun.  Ainsi, plutôt que de suivre les grandes formations reconnues, il passe  par l’enseignement de Jacques Chaurand, Monique Le Dily, René Bon,  Daniel Franck, Gilbert Mayer et Raymond Franchetti : tous éminents et  passionnants enseignants à la personnalité aussi forte que pittoresque…  Violette Verdy qui préside le concours de Lausanne où il se présente en  1978, l’engage à l’Opéra de Paris pour la saison 1977-1978. Il y  rencontre Jean Sarelli, alors « Le » maître de ballet, et le suit  lorsque ce dernier prend la direction du Ballet du Rhin. Thierry  Malandain reste à Mulhouse jusqu’en 1980, puis rejoint le Ballet Théâtre  Français de Nancy que dirige Hélène Traïline et Jean-Albert Cartier.  Cela jusqu’en 1986. C’est au cours de ces six années lorraines qu’il  fait, avec succès, ses premières expériences de chorégraphe : en 1984,  il obtient le 1er Prix du concours Volinine avec Quatuor op3, musique de Guillaume Lekeu, puis après Maguy Marin, en 1985 et 1986, le 1er  Prix du concours de Nyon en Suisse avec Sonatine, musique de Karlheinz  Stockhausen et Métamorphosis, musique de Benjamin Britten. On notera  déjà le choix très exigeant de la musique et l’ambition de ses  propositions.

En 1986, Thierry Malandain  fait un pari. Il quitte le Ballet Théâtre Français de Nancy avec huit  danseurs et fonde la compagnie Temps Présent qui s’installe à Elancourt  (78), en banlieue parisienne. C’est délibérément choisir les marges et  s’assurer d’un travail de titan. Dès la saison suivante, il est lauréat  de la Fondation de la Vocation, de la Fondation Oulmont et reçoit le 1er Prix du concours chorégraphique de La Baule, le 1er  Prix du concours chorégraphique de Vaison-la-Romaine, et à Paris avec  Angelin Preljocaj et Claude Brumachon, le Prix de la Nuit des Jeunes  Créateurs… Des pièces comme l’Homme aux semelles de vent (1986) sur une  musique de Benjamin Britten, devenue Les Illuminations (1989) pour le danseur Patrick Dupond et le Ballet National de Nancy, ou Edgar Allan Poe (1988) qui s’appuie sur des partitions de Claude Debussy et André Caplet et surtout Folksongs (1986)  sur une musique de Benjamin Britten – repris par plusieurs compagnies –  dont le Ballet de Tours de Jean-Christophe Maillot – contribuent à le  faire reconnaître comme un jeune talent prometteur. Alors qu’en pleine  année de la danse (1988) on ne parle que des aventures de la Jeune Danse  Française, Thierry Malandain est ce chorégraphe qui, comme ses  collègues, travaille au développement de la danse en banlieue mais en  revendiquant son attachement au vocabulaire classique. Il chorégraphie  même des ballets pour les troupes des maisons d’opéra comme Danses qu’on croise  (1987), sur une musique de Johannès Brahms pour le Ballet de l’Opéra de  Nantes. Ce singulier positionnement déconcerte le milieu chorégraphique  français mais n’entrave pas l’audience internationale. Au contraire, on  commence à parler, en Belgique en particulier, du Français qui crée la  même année (1990) Les Sylphides, sur une musique de Frédéric Chopin pour le Ballet royal de Wallonie et Petite Lune (musique de Dmitri Chostakovitch) pour le Ballet royal de Flandres, une performance…

En 1991, Thierry Malandain monte Pulcinella d’Igor  Stravinski sur la scène de ce qui est encore la Maison de la Culture de  Saint-Etienne. Le directeur, Jean-Louis Pichon est en train de guider  l’institution vers son nouveau rôle d’Opéra-Théâtre (il deviendra  L’Esplanade en 1994). Il sait qu’il a besoin d’un chorégraphe sensible à  la musique et capable de proposer une activité forte sur le terrain. Il  propose à la compagnie Temps Présent de l’accueillir en résidence à  Saint-Etienne. C’est le début d’une aventure de six ans qui verra le  chorégraphe créer plusieurs de ses ballets les plus repérés : La Fleur de pierre (1994) de Serge Prokofiev, l’Après midi d’un faune (1995) de Claude Debussy, Ballet mécanique (1996) de Georges Antheil, Sextet (1996) de Steve Reich, Casse Noisette  (1997) de Piotr Ilitch Tchaïkovski… et engager une très originale  démarche : recréer les ballets du compositeur stéphanois Jules Massenet.


C’est alors en 1997 que le  chorégraphe reçoit une proposition : le Ministère de la Culture et de  la Communication et la ville de Biarritz lui offrent de fonder dans la  station balnéaire basque le premier Centre Chorégraphique Contemporain  de style classique. L’affaire se déroule assez rapidement au point que  dès septembre 1998, le Centre Chorégraphique National – Ballet Biarritz  voit le jour et s’installe dans la Gare du Midi, vaste édifice déserté  par les trains et qui domine de ses deux hautes tours carrées la douceur  des jardins biarrots. L’activité de la compagnie n’en diminue pas. A partir de 1999, toujours soutenue par Jean-Louis Pichon, commence l’intégrale Massenet, avec Le Cid, Le Carillon et Cigale. En 2000, La Chambre d’Amour, création musicale de Peio Çabalette évoque une belle légende locale comme hommage au nouvel ancrage du chorégraphe. En 2001, c’est un fameux programme d’Hommage aux Ballets russes plein de verve et d’irrévérence qui attendrit.

En 2003, avec Les Créatures,  musique de Ludwig van Beethoven, Ballet Biarritz franchit une étape  créative importante. La pièce, forte, graphique, ambitieuse, dégage un  sentiment de maturité et d’aisance qui lui assure une reconnaissance  importante. Pour la première fois, grâce à Dominique Hervieu et José  Montalvo, la troupe se produit officiellement à Paris (Théâtre national  de Chaillot), tandis qu’à Moscou, Les Créatures sont nominées aux Benois de la Danse et recoivent à Cuba, le Prix de la Critique du XIXème festival International de Ballet de La Havane.

 

En 2004, Le Sang des Etoiles  conforte ce succès. C’est à partir de ce moment que le CCN devient l’un  de ceux assurant le plus grand nombre de représentations annuelles  accompagné d’une forte présence internationale. L’institution monte  aussi en puissance. En 2000, sa capacité à susciter l’accord amène  presque naturellement Thierry Malandain à la tête du Temps d’Aimer,  festival qu’organise la ville. La même année, il fonde à Donostia-San  Sebastián un junior ballet transfrontalier avec la collectivité basque  espagnole. Pendant quatre ans, tout cela est mené de front.

En 2005, souhaitant se  concentrer sur son travail, le chorégraphe abandonne la direction  artistique du festival le Temps d’Aimer. Il enchaîne alors deux pièces  sur l’esprit du ballet préromantique, Les Petits Riens (2005) de Wolfgang Amadeus Mozart et Don Juan (2006) sur la partition de Christoph Willibald Gluck tandis que sur une musique d’Alfred Schnittke, il honore avec L’Envol d’Icare  (2006), nominé à Moscou aux Benois de la Danse, sa première commande  pour le Ballet de l’Opéra national de Paris. Nombreuses des 80 œuvres de  Thierry Malandain sont d’ailleurs au répertoire d’autres grandes  compagnies, de Caracas à Hong Kong, en passant par West Palm Beach,  Aspen, le Caire, Riga, Tunis, Karlsruhe ou encore au Sadamatsu Hamada  Ballet, au Teatro di San Carlo de Naples, au Staatsoper, au Volksoper de  Vienne. En France, au Ballet de l’Opéra national du Rhin, au Ballet  national de Marseille, au Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, au  Ballet du Capitole de Toulouse, etc.

2008, c’est l’année de L’Amour sorcier de Manuel de Falla et à l’écoute de Diego Vélasquez, Le Portrait de l’infante,  musique de Maurice Ravel avec sur scène trois Ménines du peintre et  sculpteur espagnol, Manolo Valdès. Mais il faut croire qu’il est  impossible de s’éloigner du travail de terrain. Fin 2008, après avoir  fêté les dix ans de présence dans la ville, à la demande de Didier  Borotra, maire de Biarritz, le chorégraphe reprend la direction du  festival le Temps d’Aimer. Ce qui ne l’empêche pas de remonter en  décembre une nouvelle production de Carmen (1996), musique de Franz Schubert, l’œuvre qui décida de sa nomination à la tête du CCN Ballet Biarritz.


En août 2009, Thierry  Malandain est élevé au grade d’officier des Arts et Lettres. C’est avec  une nouvelle appellation « Malandain Ballet Biarritz » que débute pour  le chorégraphe une nouvelle ère. S’ensuivent la création de Magifique (2009), musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski et du Roméo et Juliette (2010) d’Hector Berlioz, deux ballets qui rencontrent les faveurs du public et de la critique. Avec Lucifer (2011),  Thierry Malandain, pour la seconde fois de sa carrière collabore avec  un compositeur, Guillaume Connesson. La partition est créée par  l’Orchestre de Pau Pays de Béarn dirigé par son chef Fayçal Karoui,  également directeur musical du New York City Ballet. En 2012, pour fêter  les dix ans d’une riche collaboration, l’Opéra de Reims passe commande  d’un ballet auprès de Thierry Malandain. Ayant carte blanche, le  chorégraphe en profite pour explorer un autre univers musical en réglant  Une Dernière chanson sur des chants traditionnels français interprétés par Le Poème Harmonique  de Vincent Dumestre. Cette oeuvre est récompensée par le Grand Prix –  catégorie danse – du Syndicat de la Critique Théâtre, Musique et Danse  en 2012.

En 2013, alors que le  Malandain Ballet Biarritz dépasse désormais les cent représentations  annuelles, à la demande de Laurent Brunner, directeur de l’Opéra royal  de Versailles, le chorégraphe créé Cendrillon sur la partition  de Serge Prokofiev. Outre le merveilleux écrin de l’Opéra royal du  Château de Versailles, sous la direction de Josep Caballé-Domenech, les  représentations bénéficieront du concours de l’Orquesta Sinfónica de  Euskadi originaire de Donostia-San Sebastián. Triomphe d’humanité, Cendrillon fait  l’unanimité de la presse et du public et en 2014, Thierry Malandain  reçoit à Berlin le Prix du meilleur chorégraphe aux Taglioni European  Ballet Awards décerné par la fondation Malakhov.

En 2017, après ses représentations parisiennes de sa création Noé à  Chaillot-Théâtre national de la Danse, le Malandain Ballet Biarritz  reçoit le prix de la « meilleure compagnie » décerné par l’Association  professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse.

En 2018, Thierry Malandain est nommé aux Benois de la danse pour ce même ballet. En 2019, il crée Marie-Antoinette pour l’Opéra royal du Château de Versailles avec l’Orchestre symphonique d’Euskadi. Cette même année, Thierry Malandain est élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil numéro 1 de la section chorégraphie nouvellement créée, aux côtés de Blanca Li, Angelin Prejlocaj et Carolyn Carlson. 

En 2020, dans le cadre du 250ème anniversaire de Beethoven, Thierry Malandain crée La Pastorale  à Chaillot-Théâtre National de la Danse puis au Theater Bonn  (Allemagne) et se voit décerner le prix de la Société des auteurs et  compositeurs dramatiques (SACD), section chorégraphie. 

En 2021, dans son souhait  de soutenir la jeunesse et l’émergence, Thierry Malandain partage  l’affiche avec Martin Harriague, artiste associé au CCN Malandain Ballet  Biarritz autour d’une soirée Stravinski. Ils créent respectivement L’Oiseau de feu et le Sacre du printemps à la Scène nationale Le Cratère d’Alès puis à Chaillot-Théâtre national de la Danse à Paris.

En 2023, sur une idée de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles et de Stefan Plewniak, violoniste et 1er chef d’orchestre de l’Opéra royal de Versailles, Thierry Malandain crée Les Saisons sur des musiques d’Antonio Vivaldi et Giovanni Antonio Guido. La première a eu lieu le 25 novembre 2023 au Palais des Festivals de Cannes – Festival de Danse Cannes – Côte d’Azur France puis à l’Opéra Royal de Versailles avec l’Orchestre Royal de Versailles dirigé par Stefan Plewniak. 


Source : Site du Malandain Ballet

En savoir plus : http://malandainballet.com/

Flores, Georges

Georges Flores démarre sa carrière en 1982. Il assure le montage et l’habillage de nombreuses œuvres de création vidéo diffusées sur les chaînes françaises. La captation de spectacles est une de ses premières activités : de 1988 à 1992, il réalise l’intégralité du Festival International des Musiques Innovatrices, dont plusieurs parties, sous forme de reportages, sont diffusées sur la chaîne ARTE dans l’émission Mégamix. Il mène régulièrement des captations dans le domaine des musiques actuelles. Cette expérience le conduit aussi à travailler dans le domaine de l’opéra et de la musique classique en signant les captations de nombreuses œuvres issues du grand répertoire. C’est lui qui a assuré la couverture image du Festival Massenet. La danse est un autre terrain de prédilection de Georges Flores. Il collabore ainsi depuis 1992 avec Thierry Malandain, directeur du Centre Chorégraphique National – Malandain Ballet Biarritz. Le documentaire Voyage, réalisé en 1996 lors d’une tournée au Maroc, avec la collaboration de l’Institut Français et la participation inédite d’Antoine Livio et d’Yvette Chauviré, nous fait découvrir la personnalité et l’écriture de ce chorégraphe revendiquant sa filiation  chorégraphique. Il travaille aussi régulièrement avec d’autres chorégraphes contemporains porteurs d’univers artistiques singuliers. Georges Flores est également auteur de nombreuses images intégrées à des créations scéniques pour la musique, la danse ou l’opéra. Sa première réalisation d’envergure internationale lui permet de participer, en janvier 1993, à l’ouverture de saison du Théâtre Massimo de Palermo, dans le cadre d’une nouvelle production d’Esclarmonde de Massenet dirigée par Giannandrea Gavazzeni. En marge de ce travail autour du spectacle vivant, il réalise dans le domaine de la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI) des documentaires de vulgarisation destinés au domaine de l’enseignement. Georges Flores se consacre aujourd’hui à la production et à la réalisation autour de coups de cœur et de collaborations fidèles pour la télévision ou des structures artistiques de renom. Il a aujourd’hui à son actif la captation de plus de cinquante captations d’œuvres lyriques du grand répertoire.


Source : Georges Flores

Les Biches

Direction artistique / Conception : Thierry Malandain

Chorégraphie : Thierry Malandain, Bronislava Nijinska (avec l'aimable autorisation de Nathalie et George Raetz)

Interprétation : Malandain Ballet Biarritz

Musique originale : Francis Poulenc

Lumières : Jean-Claude Asquié

Costumes : Jorge Gallardo

Décors : Jorge Gallardo

Durée : 34 minutes

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