Variation n° 17

(commande 2025)

Fin du 2ème cycle 

Support de l'examen d’entrée en cycle diplômant

Support de l'épreuve d’admissibilité de l’EAT

1ère option

Garçon

Note d’intention :

La musique a toujours été ma source première d’inspiration pour créer. Elle me fait voyager dans divers univers tant au niveau de l’imaginaire que de celui du « groove » induit par les rythmiques instrumentales. Ce groove, ce swing, ce flow, appelons-le comme bon nous semble, qui teinte la danse de chaque individu d’une façon unique, est pour moi la part essentielle de la danse. 

Imprégnée de cela, j’ai demandé à Mawunyo Agbenoo de m’accompagner dans ce projet pour la création musicale. L’occasion de mettre en lumière le talent de cet artiste à la fois pianiste, compositeur, circassien et danseur à qui j’ai eu la chance d’enseigner la danse jazz durant un temps. Sa sensibilité le conduit à composer des musiques rythmiquement riches, offrant une promenade sonore où l'on se perd avec délice parmi une variété de sons qui invitent chaque cellule du corps au mouvement.

Je n’ai donc plus qu’à fermer les yeux, écouter, me laisser porter, imaginer, et, par le corps, interpréter les sonorités, jouer avec, les défier, les questionner, leur répondre….

Deux raisons m’ont conduites à choisir Bryan Doisy pour interpréter cette variation.

D’une part, la fluidité de sa danse alliée à des capacités explosives sont des qualités que j’ai toujours appréciées chez ce danseur issu du CFD Cergy. D’autre part, je trouve motivant, pour les élèves qui travailleront cette variation, de se projeter en tant qu’artiste à part entière en osant le jeu de l’interprétation et de l’engagement corporel sans complexe.

Propos chorégraphique :

Je suis traversée de questionnements concernant la danse jazz qui navigue entre tradition et modernité. Son évolution et la préservation de ses caractères essentiels, au sens propre du terme, m’interpellent énormément. Dans cette variation, le danseur donne vie à ces interrogations et apporte des réponses… 

L’espace est construit de manière à symboliser deux pôles : celui des racines et des traditions en arrière-scène et celui de la modernité, de la nouveauté à l’avant-scène jardin. Cette variation nous fait voyager d’un pôle à l’autre. Si l’on peut être tenté de les opposer au début, avec tantôt des notions d’éloignement, de rapprochement, d’attirance, de rejet, ces allers retours entre l’un et l’autre permettent en fait à l’interprète de trouver un nouveau chemin, celui qui les conjugue et engendre un équilibre. Un chemin de « l'inédit » pour reprendre un terme cher au poète Edouard Glissant lorsqu’il s’exprime à propos de la musique jazz induite par la créolisation. Car n’est-ce pas cela le jazz ? « Une création en perpétuelle réinvention … Un changement permanent » (Glissant, 2009, Interview RFI musique).

Le danseur sera bien sûr libre de faire appel à son propre imaginaire pour interpréter la variation. 

Cette variation puise dans les sources africaines du jazz induisant l’ancrage, la rythmicité et la percussivité des pieds, ainsi que la mobilité de la colonne vertébrale. Elle puise également dans la terminologie jazz (pas de bourrée, hip fall, touch turn, flick ball change, pivot, slide, catch step, pirouette sur plié…) et dans ses fondamentaux tels que les isolations, changements d’énergie, rapport avec la musique, improvisation. Quelques notions issues des techniques modernes notamment Horton ou Graham sont présentes (tilt, latéral T, contraction, release). La variation est également influencée par les danses hip-hop notamment break et house. La notion d’héritage est ainsi au cœur avec l’envie de lier générations anciennes et futures. Riche de ces sources et techniques, la modernité réside dans l’élan créatif qu’il faut laisser jaillir sans restriction. 

Recommandations 

Voici quelques informations détaillées quant aux qualités recherchées :

Introduction / préparation : 

Le danseur, dos au public, est en appui sur ses deux pieds, demi plié, ancré dans le sol. Il est à l'écoute du son et le laisse se propager en lui. Ce passage est libre. Pour attraper le début de la variation, l’on peut compter 3 x 8 à partir du début ou 2 x 8 à partir du démarrage de l’instrument à corde.

Partie 1 : les mouvements sont calés sur les notes de piano, ils nécessitent peu de tonus musculaire mais exigent une certaine résonance

2 x 8 Piano : Le premier mouvement est une translation de la cage sur jambe pliées avec rotation de la tête à droite. Pour le mouvement de bras, il faut lâcher le poids et le laisser remonter doucement devant. Le poignet est souple dans ces mouvements. Rond de jambe avec du poids dans le bassin, un plié qui s’approfondit et une conscience de l’espace dessiné par le bout des doigts et des orteils.

2 x 8 Piano : Touch pied droit avec une suspension dans la cage amenée par l’inspiration, puis tiré pointe à la seconde et chassé seconde à nouveau avec un centre de gravité bas. On y ajoute une petite accentuation dans les mains qui donne un effet de surprise. Hip fall (sur plié).

Partie 2 : Rythmicité, déplacements et changements de niveaux

2 x 8 : Les appuis sont clairs avec des touch (touch pose, touch turn), des 4ème position jazz bien ancrées, pas de bourré plié en tournant, catch step, contraction syncopée dans bas ventre et sternum (très soudaine, peu profonde, et qui release aussitôt).

2 x 8 : Descente au sol par des twists 4ème et un chemin pour les mains qui font hanche, genou, sol. La partie suivante demande à la fois puissance et fluidité. 

8 x 8 : Fente, chassé, tourné, glissade, rond de jambe pied flex avec élévation du bassin, chassé en 4ème et contraction. La « course sur place » contraste avec de la suspension et de la légèreté. Flick, pose, touch seconde.

Vient ensuite un pas inspiré de la house dance : le « chase ». Le premier, en 4 temps, très proche du sol en 2 appuis avec un pivot sur le talon droit. Les 4 chases suivants se font à des niveaux différents d’en bas jusqu’au saut. On doit voir ce changement de niveau. Ceux-là se font en 3 appuis avec un contretemps. 

Pivot 4ème jazz, pas de bourré en tournant, skip arrive 4ème jazz + contraction : le centre de gravité est bas, permettant à la fois rapidité et amplitude du déplacement. La qualité de l’attaque au sol par le bout des orteils puis les coussinets pour un déplacement semblant glisser dans le sol est important.

Mobilité de la colonne vertébrale (dorsales et cervicales) amenée par la rotation interne poignet-avant-bras-épaule droit puis gauche, suivi d’un cercle de tête et buste : cet enchainement de mouvement est fluide, lié. Il ne nécessite pas de tension musculaire. Il se prend avec beaucoup de tranquillité et de respiration. Un chemin agréable est recherché.

1 pirouette sur jambe de terre allongée (elle se prend sur la cymbale / syncope) : le chemin du bras droit aide à impulser la pirouette sur jambe tendue. Il se fait dans la continuité du mouvement précédent. 

Attitude jambe gauche + contraction + spirale, retiré, battement développé 4ème pied flex (il se fait également sur la cymbale/syncope).

1 x 4 + 1 x 8 Improvisation traversée en diagonale : le danseur doit mobiliser sa colonne vertébrale de manière fluide. Dans le même temps, il est comme tiré par quelque chose dans cette diagonale avant. 

Partie 3 : Sources africaines, percussions, polyrythmie et rapidité du bas de jambe 6 x 8

Piétiné sur les coussinets très rapides sur 4 temps suivi d’un temps de flèche arrière. 

L’intention est de s’éloigner du point précédent avec empressement et d’être comme attiré en arrière par le bassin. Les muscles fessiers sont détendus. 

1 pirouette 3/4 sur plié (=> il est possible d’adapter et de ne faire que ¾ de tour) / réception en 6ème ou 2nde parallèle avec un relâché du haut du dos par le sternum.

Echappé 2nde, referme 6ème ou petite 2nde parallèle (reste 2 temps).

Accent tête sur contretemps du 6 (et /7) avec un regard déterminé.

4 pas Marche avant sur plié + shimmy épaules : l’ancrage au sol est fort, le regard et l’intention d’avancer également. Les épaules sont détendues. On est donc dans un mouvement qui fait coexister deux énergies opposées (typique du « masque du cool » des danseurs jazz).

Jeu d’appuis avec contretemps et mouvements plus étirés.

3 Poneys avec ½ tour.

Pour les pas issus des danses traditionnelles d’Afrique de l'Ouest. La relation au sol est importante, l’on s’en extirpe pour mieux y revenir avec un pied percussif. 

Suspension avant 2 passages de secousses dans le sternum (à l’écoute des accents musicaux).

Ball change 4ème jazz. Coupé jeté attitude fini proche du sol (le saut peut également finir avec le bas de jambe au sol).

Dans tout ce passage, l’intensité est croissante. L’intention de s’affirmer, l’attachement aux racines africaines, l’importance de la relation terre-ciel vont croissants, peuvent même aller jusqu’à la colère, explosent au moment du saut.

Piano : le danseur est libre de l'interpréter comme il le souhaite. L’envisager comme un retour au calme, un passage plein d’espoir.

Partie 4 : influences technique Horton, notion de kinésphère, lignes et courbes

L’élève doit être à l’écoute des nappes et accents musicaux.

Reculer droite-gauche-coupé (moment d’accélération et de surprise suivi d’un moment de respiration) ; Piqué tilt sur pied plat (sur 5, 6, 7, 8, 1) ; Retiré sur plié + contraction (2.3.4) ; Lateral T (5.6.7.8) ; Retiré en dehors (1.2.3.4), passage jambe derrière (5.6.7.8) ; Mouvement spiralé avec une accélération (1 et 2) ; Descente au sol (5 à 8). 

Cette séquence au sol peut être adaptée si le passage sur les épaules est trop compliqué pour l’interprète. Quelques repères : envoyer la jambe sur le 1 / rouler côté sur 7.8) / relâcher le buste sur jambes allongées à 4 / roulade remonte.

Le passage est technique et nécessite de solides appuis. Le calme, la respiration et la prise en compte de l’espace (kinesphère-forces opposées) aideront l’interprète pour s’y sentir bien. Celui-ci peut faire appel à son imaginaire et aux verbes d’actions (se déployer-se recroqueviller) ou à des sensations corporelles telles que « sentir l’air sur sa peau, … » par exemple, afin d’être toujours dans l’acte dansant et non dans l’exécution d’éléments techniques.

Partie 5 : isolations, body percussion, chemins nouveaux, liberté 4 x. 8

On retrouve des 4èmes positions : la première est profil au public sur 4 + contraction, Silence sur 5. La seconde est orientée dans la diagonale avant (chassé et 5) + contraction. Cercle de buste (isolation) sur et 7. Extension cage avant + rotation tête à droite (isolation)/ retour sur l’axe (et 8).

Lever épaule droite/gauche, lâcher les deux épaules en même temps, brosse cuisse droite/gauche vers l'arrière, brosse les 2 cuisses en même temps vers l’avant, saut retiré + clap main vers le ciel. Coupé + relâché au-dessus de la taille, piqué déboulé, course, coupé développé en tournant. Le trajet se fait en arc de cercle.

La dernière partie appelle au calme, à l’apaisement. Chaque danseur est libre de proposer sa fin dans cet esprit et cette qualité de corps de force tranquille.

Tenue :

Cette variation se dansera pieds nus afin de sentir le contact direct avec le sol, d’être en prise directe avec le sol, favoriser l’ancrage et la rythmicité.

Présentée ici comme « variation garçon », cette variation peut être interprétée sans différenciation de genre, sauf si elle est choisie pour l’épreuve d’admissibilité à l’EAT (voir encadré page 5).

Camille THOMAS-KONATE

Danseuse, professeure de danse jazz, formatrice en pédagogie et didactique, également responsable du Centre de Formation Danse de Cergy (CFD). 

Après un cursus Jazz au CRR de Cergy-Pontoise, elle poursuit ses études en danse à l’institut de formation professionnelle Rick ODUMS (IFPRO) d’où elle sort diplômée d’État en 2002. Durant sa dernière année d’études, elle rejoint la Cie ANOÏ, compagnie de danse afro-contemporaine, pour plusieurs années, et y développe des connaissances en danses africaines qui teinteront fortement son jazz et sa pédagogie. 

Convaincue que la danse est un art de partage favorisant le lien social et l’ouverture à l’autre, elle s’intègre idéalement au sein du CFD créé en 2009 à Cergy alors qu’il s’agit de monter une formation de danse pluridisciplinaire. Les échanges constants avec les professeurs de l’équipe, les connexions entre les différents styles, en particulier les disciplines hip-hop, nourriront sa pédagogie et son esthétique. Son intérêt pour la culture hip-hop dans laquelle elle baigne depuis son adolescence et grandissant avec le temps, l’amène à développer, aux côtés d’autres pédagogues, la formation professionnelle passeur culturel en danses hip-hop à Cergy en 2018. Depuis 5 ans, elle la coordonne pédagogiquement aux côtés de Philippe « Physs » Almeida entre autres et y intervient en tant que formatrice. Toujours en quête de de nouvelles compétences, elle entre en formation au Certificat d’Aptitude de professeur de jazz au CNSMD de Lyon d’où elle sort diplômée en octobre 2022. Elle pilote également la mise en place d’évènements culturels tels que le Cergy Funk Style ou Jazz in the house. 

https://www.instagram.com/kmye_jazz/?hl=fr

Mawunyo AGBENOO aka Mawu’Nyo 

Chorégraphe, danseur, circassien, et compositeur musical.

Après avoir travaillé pendant 9 ans avec plusieurs compagnies de danse française sur différents types de spectacle (comédie musicale Chantons la Fontaine (2012), Cie Black Bakara, Cie Nosaj (Celly), Cie Trafic d’influence, Cie Mood - Hervé Sika, Cie Mab - Marie Vauzelle, Cie Youcef Ouali), il décide d’écrire son « seul en scène ». C’est au moment de la création de ce spectacle que la musique est devenue une révélation et une nécessité. Ainsi, en août 2018, il réoriente sa carrière vers la composition musicale. Inspiré majoritairement par Nils Frahm, Bonobo ou encore Max Cooper Hania Rani, il se lance le défi d’écrire un EP. Il envisage sa musique comme la bande sonore d’un film avec des univers invitant à une odyssée sur notre perception du monde, nos envies.

Il a la chance de vivre dans un lieu bordé par la nature dans lequel il puise ses inspirations ou garde l’empreinte d’un sentiment ou d'une émotion. Depuis 2020, il a été à la direction musicale de plusieurs projets (cinématographiques ou spectacle vivant). Après avoir été artiste associé à la plus grande salle de concert du Val d'Oise, en novembre 2024, il sortira son album Formless.

Directeur de la société de production La Huit depuis 1990, Gilles Le Mao a produit et réalisé, pour le compte de la Délégation Générale à la Création Artistique, plus de 300 déclinaisons des « Épreuves de Danse » depuis 1996.

Producteur délégué de quelque 400 programmes audiovisuels et cinématographiques à La Huit, il réalise également de grands entretiens sur des personnalités de l'ethnologie, de l'architecture, du paysage et de l'histoire de l'art avec le ministère de la Culture. Prix 2009 du coup de cœur Musique du Monde de l'Académie Charles Cros pour le film « Les tambours de Tokyo », il a produit une cinquantaine de concerts documentés sur le jazz, les musiques du monde et la musique classique depuis 1999.

Il est également membre de différentes commissions sélectives cinéma depuis 2009 au CNC et dans les régions Limousin, Normandie et Grand-Est. Depuis 1995, il travaille avec le Ministère de la Culture - Drac Ile de France en lycée et BTS section cinéma et production.

Numeridanse est une plateforme de consultation en ligne uniquement, le téléchargement des vidéos et musiques de variations est donc impossible. 

Vous retrouverez toutes les informations dont vous avez besoin sur la page dédiée du site du ministère de la culture : culture.gouv.fr