Entracte
2008 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation
Chorégraphe(s) : Nadj, Josef (Hungary)
Présentée dans la/les collection(s) : Compagnie Josef Nadj - Atelier 3+1 , Centre national de la danse
Producteur vidéo : Centre chorégraphique national d'Orléans
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Entracte
2008 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation
Chorégraphe(s) : Nadj, Josef (Hungary)
Présentée dans la/les collection(s) : Compagnie Josef Nadj - Atelier 3+1 , Centre national de la danse
Producteur vidéo : Centre chorégraphique national d'Orléans
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Le projet d’Entracte ; Josef Nadj et la musique, rencontre avec Akosh Szelevényi
ENTRACTE
Indépendamment de ses partenaires et collaborateurs, l’« interlocuteur » que Josef Nadj a choisi
et le territoire sur lequel il a décidé de s’aventurer pour sa prochaine création, ne sont pas un écrivain
(ou un artiste) et son univers, mais l’une des oeuvres fondatrices de la civilisation et de la sagesse
chinoises, qui est à la fois mode de pensée, vision du monde et de la vie, et tentative de saisie,
d’appréhension et de compréhension de la totalité : il s’agit du Yi King ou Livre des transformations –
ouvrage composite et collectif, qui s’est élaboré au cours des siècles.
Le socle, le « texte » premier du Yi King consiste en soixante-quatre hexagrammes (ou figures,
composées chacune de six traits positifs ou négatifs) attribués au légendaire Fo Hi, qui proposent, à
partir d’éléments concrets, une représentation globale et hyperstructurée de l’univers dans son infinie
diversité. Cette représentation est gouvernée par le principe selon lequel tout change constamment –
selon lequel, autrement dit, chaque figure est susceptible en permanence de muter, se transformer ou
se convertir en une autre figure. L’image à laquelle Nadj fait appel en l’occurrence est celle de l’eau
qui n’a pas de forme propre, mais épouse celle de ce qui la contient.
Josef Nadj s’appuiera sur le Yi King à un double niveau : structurel et poétique. En effet, il conçoit
cette nouvelle pièce comme une trame (signification du mot King) dont chaque noeud correspondrait à
l’un des soixante-quatre hexagrammes. À cela s’ajoute l’idée que chacun d’entre nous, et plus
largement chaque être, animé ou inanimé, est également un noeud dans une trame. Somme
d’expériences et de transformations successives, soumis à un réseau d’influences complexes qui
agissent sur lui et le modifient parfois en profondeur, il est à son tour et simultanément capable
d’exercer son influence, d’agir sur lui-même comme d’interagir sur le monde et les êtres qui
l’entourent.
Par ailleurs, Nadj s’inspirera du texte des commentaires relatifs à chaque hexagramme pour imaginer,
« pour déduire par pure intuition », soixante-quatre micro-événements de durée et de nature
extrêmement variables : leur composition respective pourra aussi bien être ramenée à un unique son,
une image, qu’être développée en une séquence complexe. L’enchaînement de ces événements
constituera la dramaturgie du spectacle. Envisagée comme le tissage d’un filet, elle se dégagera au fil
des répétitions.
Cette pièce réunira un double quatuor, c’est-à-dire quatre danseurs pour quatre musiciens.
Composée en parallèle à la partition chorégraphique, la musique d’Akosh Szelevényi en sera,
littéralement, le coeur puisque les instrumentistes seront placés cette fois au centre du dispositif et
affirmeront ainsi leur présence sur scène.
Myriam Bloedé
Le projet d’Entracte
Dans ce projet, il y a d’abord la volonté commune de « changer d’axe », de sortir des modes de
relations conventionnels entre danse et musique, pour tenter d’atteindre un plus grand degré
d’osmose, une réelle imbrication. « Je ne veux pas, dit Nadj, que la musique “s’aligne”, mais qu’elle
participe d’emblée à la matière de l’événement. » Cette position de principe a des incidences
immédiates sur le processus même de création de la pièce : il ne s’agira plus, comme c’est
habituellement le cas, de travailler séparément ou en parallèle, mais de réunir de bout en bout dans
un même espace de travail et de création la musique et la danse, les musiciens et les danseurs.
D’élaborer la chorégraphie dans et avec la présence physique constante des musiciens et de leurs
instruments. Et réciproquement, d’inscrire dans la recherche même du tissu sonore, musical, la
présence active des corps des danseurs.
Pour donner toutes ses chances à ce travail commun de recherche et de confrontation, de
frottement et d’exploration, d’actions et de réactions, Josef Nadj a prévu de le laisser se développer
sur plusieurs mois, afin de le dégager autant que possible des contraintes de production, et
notamment du caractère d’urgence qui a marqué ses expériences précédentes avec Akosh
Szelevényi.
Cependant, pour tous deux, la qualité propre à l’improvisation, avec ce qu’elle suppose de
liberté, d’invention, de découverte, mais aussi d’écoute et d’ouverture à l’autre, est essentielle. (Nadj
souligne à ce propos la dimension clairement dramatique de l’improvisation musicale.)
Cela signifie qu’indépendamment de la durée du processus de création, qu’au-delà de la part
prise par l’improvisation pendant, c’est-à-dire dans la conception de la pièce et de l’ensemble de ses
composantes – chorégraphiques, musicales, dramatiques, plastiques –, celle-ci interviendra encore à
l’issue de ce processus, dans la pièce aboutie.
Cet attachement à l’improvisation, Akosh Szelevényi le met aussi en relation avec un aspect de
sa pratique qui consiste, en particulier dans ses duos avec Gildas Etevenard, à se déplacer, à
expérimenter constamment, y compris avec des instruments nouveaux, comme le gamelan ou
l’harmonium pour lui, la trompette ou le gardon pour Gildas Etevenard. Ce qu’il traduit encore par la
volonté de mettre en avant une part de « non maîtrise » – une conception de l’art qu’il partage avec
Josef Nadj.
Josef Nadj et la musique.
Rencontre avec Akosh Szelevényi.
Peut-être faut-il d’abord rappeler l’importance de la musique pour Josef Nadj : le rôle qu’elle a
joué dans sa formation ; la place, déterminante, qu’il lui a toujours ménagée dans son oeuvre
scénique ; ses collaborations, pour certaines au long cours, avec des musiciens auxquels il «
commande » pour ses pièces des compositions originales, parfois interprétées sur scène (c’est le cas
de La Mort de l’Empereur, Les Philosophes, Asobu ou Paysage après l’orage)… Quant à la couleur de
ses choix musicaux, y entrent pour une part les musiques traditionnelles, dans toute leur diversité,
mais surtout le jazz et les musiques improvisées.
Sa rencontre avec Akosh Szelevényi, musicien originaire de la même région que lui, relève donc
d’une sorte d’évidence. Et elle donnera lieu, après plusieurs années d’échanges et d’observation,
d’approche réciproques, à une première collaboration en 2003, lorsque Le Volcan, Scène Nationale
du Havre, donne carte blanche à Josef Nadj pour l’organisation d’une « Nuit hongroise » : il invite
alors Akosh Szelevényi à y participer, c’est-à-dire à intervenir dans la première partie, exclusivement
musicale, mais aussi à composer la musique de la performance chorégraphique et musicale qui
constitue la seconde partie de cette soirée – une performance préparée en sept jours, qui pose les
jalons d’Eden, pièce créée l’année suivante.
En 2006, Josef Nadj est l’artiste associé du festival d’Avignon : il inscrit notamment dans la
programmation du Festival un certain nombre de concerts – Phil Minton et Sophie Agnel ; György
Szabados ; Archie Shepp, Tom McLung et le Mihály Dresch Quartet ; ainsi qu’Akosh Szelevényi en
duo avec Gildas Etevenard, puis en trio avec Joëlle Léandre et Szilárd Mezei. Par ailleurs, Nadj fait
appel à Akosh Szelevényi et Szilárd Mezei pour composer et interpréter, en compagnie du batteur
Gildas Etevenard et du contrebassiste Ervin Malina, la musique d’Asobu, sa propre création pour la
Cour d’Honneur du Palais des Papes.
Enfin, en décembre de la même année, c’est à nouveau avec Akosh Szelevényi et Gildas
Etevenard que Josef Nadj monte Paysage après l’orage, nouvelle version de Last Landscape (2005)
pour un danseur et deux musiciens.
Pour Akosh – qui, lors de collaborations antérieures avec le metteur en scène François
Cervantes, avait déjà pu appréhender les effets de la confrontation directe entre la musique et la
présence d’un corps sur le plateau –, toutes ces expériences ont été comme des étapes préparatoires
à la concrétisation d’un projet déjà ancien pour Nadj. Un projet qui lui permette d’aller au plus près de
la musique et de mettre en jeu sa conception musicale du mouvement.
La musique d’Entracte
Avec Entracte, il ne s’agira pas pour Akosh Szelevényi de définir un style, une forme, ni de
composer a priori des mélodies, mais avant tout de travailler et de composer en concordance avec la
proposition scénique de Nadj, c’est-à-dire de revenir à la dimension concrète, physique, du son.
Autrement dit, de rechercher (ou retrouver) des liens organiques entre la musique et les éléments
ou phénomènes physiques, de faire en sorte que la musique reflète ou véhicule ces éléments ou
phénomènes. Ce qui suppose, précise Akosh, d’être prêt à sortir des catégories et des structures, des
fonctionnements habituels (note / instrument / composition) « pour rester perméable à ce qui nous
entoure ».
C’est pourquoi, si, à ce stade, l’instrumentation n’est pas arrêtée (et si l’invention, la réalisation
d’instruments n’est pas exclue), elle se limitera aux instruments acoustiques, souvent traditionnels
voire ancestraux, c’est-à-dire « naturels ».
Myriam Bloedé
Nadj, Josef
Josef Nadj est né en 1957 à Kanjiza (province de Voïvodine en ex-Yougoslavie, actuelle Serbie).
Dès l'enfance, il dessine, pratique la lutte, l'accordéon, le football et les échecs, et se destine à la peinture.
Entre l'âge de 15 et 18 ans, il fait des études secondaires au lycée des beaux-arts de Novi Sad (capitale de Voïvodine). Puis, pendant quinze mois, son service militaire en Bosnie-Herzégovine.
Après quoi, il part étudier l'histoire de l'art et de la musique, et s'initie à l'expression corporelle et au jeu d'acteur à l'université de Budapest.
En 1980, il part pour Paris afin de poursuivre sa formation auprès de Marcel Marceau et Etienne Ducroux. En parallèle, il découvre la danse contemporaine alors en pleine expansion en France, suit l'enseignement de Larri Leong (qui mêle danse, kinomichi et aikido) et d'Yves Cassati, prend des cours de tai-chi, de butô ou de danse contact (avec Mark Tompkins), commence à enseigner l'art du geste à partir de 1983 (en France et en Hongrie) et participe, en tant qu'interprète, aux créations de Sidonie Rochon ("Papier froissé", 1984), Mark Tompkins ("Trahison Men", 1985), Catherine Diverrès ("l'Arbitre des élégances", 1988) ou François Verret ("Illusion comique" et "La", commande du GRCOP, 1986).
En 1986, il crée sa compagnie, Théâtre JEL (« jel » signifie « signe » en hongrois) et monte sa première pièce, Canard Pékinois, qu'il présente en 1987 au Théâtre de la Bastille et qui sera accueillie dès la saison suivante au Théâtre de la Ville à Paris.
Il est, à ce jour, l'auteur d'une trentaine de créations et performances.
En 1982, Josef Nadj a complètement arrêté le dessin et la peinture pour se consacrer à la danse. Il n'y reviendra qu'une quinzaine d'années plus tard. Cependant, en 1989, il commence à pratiquer la photographie, activité qu'il poursuit sans discontinuer jusqu'à aujourd'hui. Á partir de 1996, ses œuvres graphiques et plastiques – sculptures-installations, dessins, photos –, le plus souvent conçues en cycles ou séries, font régulièrement l'objet d'expositions dans des galeries ou des théâtres.
En 2006, Josef Nadj est l'Artiste associé du 60e Festival d'Avignon : il présente Asobu dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, en ouverture du festival, ainsi qu'une performance en collaboration avec le peintre Miquel Barcelo, "Paso doble", à l'église des Célestins. Puis en 2010, il y retourne pour "Les Corbeaux", performance où il partage la scène avec son complice Akosh S. (saxophoniste et poly-instrumentiste).
A l'occasion du 150e anniversaire de la naissance d'Anton Tchekhov, Valéri Chadrine, directeur du Festival International de Théâtre Tchekhov et directeur artistique de l'Année France-Russie 2010, a invité Josef Nadj pour la création d'un spectacle dédié au dramaturge, spectacle présenté à Moscou et Saint Pétersbourg.
Josef Nadj était aussi présent à la Quadriennale de Prague du 16 au 26 juin 2011. Cette Quadriennale se tient à Prague depuis 1967 ; c'est l'événement le plus renommé au monde pour les arts vivants. Plus d'une soixantaine de pays, y sont présents cette année. Josef Nadj a été sélectionné pour participer au projet « Intersection » basé sur l'intimité et le spectacle : village éphémère composé de boîtes "Whites cubes / black boxes" dressé pour une trentaine d'artistes mondialement reconnus, chacun investissant sa propre boîte.
Josef Nadj a été directeur du Centre Chorégraphique National d'Orléans de 1995 à 2016. En 2017, il établit à Paris sa nouvelle compagnie Atelier 3+1.
Source : Josef Nadj
En savoir plus : http://josefnadj.com/
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